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Virtuosity
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Virtuosity

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Il y a plus d’un an désormais, j’ai eu la chance de gagner trois nouveaux romans de YA via un concours organisé par une blogueuse. Sinon, dans la vraie vie, je lis en fait très peu de YA. C’est un genre qui m’attire, mais ultimement, s’il s’agit de faire l’effort d’acheter un livre, je pense que je pencherai toujours vers de la littérature adulte. Le YA, c’est un peu comme un plaisir coupable… Bref. J’ai fini par lire Virtuosity. Et je ne regrette pas du tout. En fait, ça m’a donné envie de lire plus de YA.

Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. L’histoire est celle de Carmen Bianchi (c’est écrit à la première personne), résultat d’une liaison passagère entre un gosse de riche et une ex-soprano, petit prodige en violon. Dirigée par sa mère, toute sa vie depuis son enfance n’a tourné qu’autour de sa carrière. À dix-sept ans, elle se prépare pour le très prestigieux prix Guarneri, qu’elle a une bonne chance de gagner. Sauf que sous ces apparences brillantes, il y a pas mal de cracks qui commencent à se faire sentir… Irrationnellement, Carmen focalise toutes ses angoisses sur son principal adversaire : Jeremy King, un Britannique de son âge, à Chicago pour les quelques semaines qui les séparent de la finale du Guarneri.

Je ne suis pas entrée immédiatement dans l’histoire. Au début, je me disais même : voilà pourquoi je ne lis pas de Young Adult… Se mettre dans la tête d’une fille de dix-sept ans, c’est assez frustrant. C’est comme se forcer à régresser mentalement juste pour pouvoir s’identifier au personnage. Les soucis d’ado, j’ai tellement, complètement dépassé cela… Après, il y a les clichés : le fait que, comme par hasard, les deux personnes qui ont une chance de décrocher le prix Guarneri ont le même âge, que comme par hasard, ils se plaisent… Autant je crois à l’amour entre adultes, autant je reste très sceptique quant à la capacité des teenagers à le trouver si facilement.

Enfin, il y a le fait que ces deux personnages ne sont en rien des ados ordinaires, ce qui à la fois limite l’identification possible et rend sans doute le livre lui-même plus intéressant. À défaut de raconter une histoire jamais racontée ailleurs, Virtuosity nous offre une sympathique plongée dans le monde de la musique classique pro.

Du reste, malgré moi, j’ai été peu à peu happée par ce roman. À priori, le YA n’a rien à voir avec la romance. Rien n’oblige un auteur de YA à inclure une histoire d’amour dans son roman, encore moins à lui donner une fin heureuse. Pourtant, dans les faits, le YA est un genre assez féminin, et les problèmes sentimentaux y ont souvent une place de choix. Virtuosity, pour moi, était une romance version YA, tout simplement. Il n’y avait pas seulement un garçon dans le décor ; la relation entre Carmen et Jeremy est vraiment au centre de l’intrigue, catalyseur et enjeu (ne serait-ce que symbolique) de tout le reste.

Un autre trait particulier du YA, cependant, c’est qu’en dépit de son public cible plus jeune, qui laisserait supposer un traitement plus “soft” de certaines choses (c’est clairement le cas pour la sexualité/sensualité, quasi-absente du genre), il y a toujours un côté angsty. Quelque chose ne va pas chez Carmen… Au départ, on se demande un peu ce qui la rend si nerveuse. Elle a quand même une vie plutôt enviable, sinon normale. En partie, c’est une crise d’adolescence tardive : Carmen en a marre de jouer à la petite fille parfaite et de faire tout ce que sa mère lui dit ; elle ressent le besoin de prendre le gouvernail de sa propre vie. Cette attitude n’est pas forcément admirable, mais je trouve qu’elle est réaliste… Pour moi, l’adolescence a irrémédiablement un côté “rebel without a cause“. J’ai beau dire que les trucs d’ado me passent par-dessus la tête, il y a une forme d’immaturité, je pense, dont on ne perd jamais la nostalgie. Encore faut-il la retrouver, la ressentir.

Mais ce n’est pas tout ce qui tracasse Carmen. Quand même, c’est un roman ; ne soyons pas trop banals ! Ce qu’on découvre peu à peu dans l’histoire, c’est qu’il y a la vie officielle de Carmen, et la façon dont elle gère en privé l’immense pression qui pèse sur ses épaules. Et oui, à mon avis, ça s’avère un raison bien suffisante pour péter les plombs…

Pour résumer, l’aspect sexuel explicite me manque en YA, et j’ai toujours un peu de mal avec les simili-HEA qui vous tombent dessus à dix-sept ou dix-huit ans. À part ça, c’était une lecture agréable et une jolie histoire d’amour. Les problèmes familiaux de Carmen, quoiqu’assez prévisibles, sont tout de même traités de façon crédible. À partir de la seconde partie du livre, j’étais surprise de me retrouver si totalement investie dans la vie de l’héroïne, que je n’étais pas sûre d’aimer au départ !

Ça me donne réellement envie de lire plus de YA… voire de lancer ma propre collection de romance jeune adulte aux Éditions Laska…
JeanneLaska
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le 11 mars 2013

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JeanneLaska

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