Les Larkin et le poids du temps : un roman qui ébranle

Une épopée familiale magistrale, qui s’étend sur près de soixante ans de l’histoire américaine, des années cinquante à 2010. À travers les yeux des six enfants Larkin, l’auteur nous entraîne dans une fresque où le temps n’est jamais linéaire : chaque chapitre s’attarde sur un personnage, une ville, un moment précis, et parfois saute plusieurs années, créant un rythme à la fois fluide et haletant. Je me suis laissée porter par ces trajectoires individuelles, fascinée par la manière dont Rapp rend palpables les émotions, les silences, les non-dits, mais aussi la violence sourde qui façonne ces vies. J'ai parfois du retenir mon souffle devant certaines révélations.

Mira Lee, Fiona, Lexy, Joan, Alec ou Ronan incarnent chacun des parcours singuliers, marqués par la résilience, la peur, l’amour et parfois la décadence. Myra, contrainte de se débrouiller seule avec son fils, Fiona en quête de liberté artistique, Alec fuyant ses propres démons… Chacun, à sa manière, révèle comment les traumatismes familiaux et les choix de vie influencent ce que nous devenons. Rapp explore avec finesse la normalité du corps et de l’esprit, la confrontation à la mort, la transmission silencieuse de la violence et des blessures transgénérationnelles.

L’écriture, vive et précise, accroche dès les premières pages. Les dialogues sonnent juste, les descriptions s’épanouissent, oscillant entre le quotidien banal et l’intensité dramatique. Ce roman ne se contente pas de raconter une famille : il questionne notre rapport à la fragilité, aux secrets, aux non-dits et aux cicatrices laissées par le temps.

Une fois le livre refermé, je suis restée sous le charme bien qu'un peu ébranlée. Une saga qui passe du roman noir au thriller et continue de résonner en moi. Je réalise combien certains passages m’ont profondément touchée. Rapp signe un grand roman américain, sombre mais irrésistible, où humanité et noirceur s’entrelacent pour offrir une saga bouleversante, intime et universelle.

https://latelierdelitote.canalblog.com/2025/07/a-la-table-des-loups.html