Albert Savaron de Savarus est avocat à Besançon. Il est le meilleur dans sa profession et attire rapidement l’attention et l’admiration des bisontins pourtant réputés froids avec les étrangers. Les réflexes régionalistes ont la vie dure mais doivent toutefois céder le pas à l’âpreté au gain : mieux vaut gagner son procès défendu par un parisien récemment installé en ville que le perdre pour avoir choisi un gars du cru. Ce calcul simple fait par la ville bordée par le Doubs a vite donné beaucoup de travail à cet ambitieux du barreau.
Philomène de Watteville, jeune fille âgée de dix-sept ans et unique héritière de cette riche famille comtoise ne tarda pas à regarder elle aussi du côté de Savarus. Pourtant, le jeune homme demeurait dans son austère intérieur, travaillant énormément, sortant peu, et ne se mêlant pas à la bonne société de la ville. Afin de le connaître et de l’attirer dans le salon de ses parents, Philomène se fit intrigante : amoureuse, elle ne recula devant aucune vilénie pour parvenir à ses fins. Elle commença par dévoyer Mariette sa femme de chambre et Jérôme le fiancé de cette dernière qui avait eu l’avantage d’être engagé comme domestique personnel d’Albert. Grace à cette double complicité, Philomène intercepta le courrier de l’avocat : celui envoyé par lui, comme celui reçu.
Elle vint ainsi à connaître que Savarus était éperdument amoureux de la duchesse d’Argaiolo, née princesse Soderini, une richissime aristocrate italienne. Albert aimait, mais était également aimé. La duchesse, mariée à un sexagénaire, attendait la mort de son mari pour rejoindre l’homme qu’elle aimait. Albert mettait ce temps imparti à s’élever socialement et à devenir l’égal de sa future épouse. Cette ambition n’avait jusqu’alors pas été couronnée du succès espéré.
Et Philomène ne se proposait pas de l’aider dans ses projets…
Avec le personnage de mademoiselle de Watteville, on découvre une jeune fille au caractère bien trempée, machiavélique, dénuée de tout sens moral et ne reculant devant rien. Balzac tisse autour d’elle une société vieillotte, conservatrice, fermée et isolée de la lointaine capitale. Austère. Une ambiance sombre, poisseuse, délétère dans cette froide contrée de l’est de la France. Sur fond de vieilles pierres et de chartreuse montagnarde, Balzac signe ici un drame amoureux passionnant.
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le 11 juil. 2013

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