Cet ouvrage a été écrit par Stephen King en 1981 et il s’y propose d’y parcourir les récits d’horreur les plus importants des années 1950 au début des années 80. Il y explique les histoires qui l’ont le plus influencé, dans la littérature, le cinéma, la BD mais aussi à la télévision (« Au-delà du réel » et « La Quatrième Dimension » un cran en-dessous pour lui…) et à la radio. Bien sûr, les émissions et vedettes de la radio nous sont en Europe largement inconnues comme certaines références et allusions au base-ball. Mais il a rédigé un nouvel avant-propos, actualisé, en 2013, en particulier pour les films car il y vante les mérites du « Projet Blair Witch » et même de « Feux Rouges », film français de Cédric Khan avec Jean-Pierre Darroussin et Carole Bouquet. Il passe en revue les références qui lui semblent indispensables, comme par exemple en littérature « Dracula », « Frankenstein » et « L’étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde ». Pourquoi prend-on du plaisir à ces histoires ? « Nous nous réfugions dans des terreurs pour de faux afin d’éviter que les vraies nous terrassent, nous glacent sur place et nous empêchent de mener notre vie quotidienne ». Elles servent à affronter nos peurs, parfois les plus intimes mais sont aussi une célébration de la vie, King insiste là-dessus : « La bonne histoire d’horreur, c’est celle qui fonctionne au niveau symbolique, qui utilise des évènements fictifs (et parfois surnaturels) pour nous aider à comprendre nos peurs les plus profondes ».
Grand amateur de films d’horreur, ce livre m’a permis de répondre à certaines des questions que je me posais, à savoir pour quelle raison il y a des tonnes de mauvais films voire totalement nuls alors que les très bons sont (très) rares ? Les films nuls sont pour King « douze fois plus nombreux que les bons » et il a raison (j’irais même jusqu’à 100 fois puisqu’il s’arrête en 1981 !). Il consacre à ces nanars tout un chapitre et c’est peut-être celui que j’ai préféré, « Du film d’horreur considéré comme malbouffe ». Il explique qu’il existe une « séduction de la nullité », s’appuyant sur des chefs d’œuvre impérissables comme « Danger planétaire », « J’ai épousé un monstre » ou encore « Billy the Kid vs Dracula » !!! La réussite ou l’échec d’un film d’horreur repose sur « la vision du cinéaste », pas sur les moyens mis en jeu (y a-t-il des idées personnelles dans la réalisation ou pas ?). Des films comme « Assaut » (John Carpenter), « La nuit des morts-vivants » de Romero ou « Psychose » d’Hitchcock ont été réalisés avec des moyens limités mais sont considérés comme des œuvres maîtresses dans leur genre. « Les mauvais » films sont parfois amusants, voire intéressants mais leur seule et unique utilité est de nous fournir des éléments de comparaison : de définir des valeurs positives grâce à leur charme négatif ». Il n’est bien sûr pas question de se cantonner aux nanars comme « Plan Nine from Outer Space » de Ed Wood (« Merde abyssale et cynique » selon King !!!), il faut au contraire revenir régulièrement vers des chefs d’œuvre comme le Nosferatu de Murnau. Même chose en littérature.
Et puis, ce livre répond aussi à cette lancinante question : pourquoi ces suites quasi-obligatoires aux chefs d’œuvre qui le plus souvent ne valent pas le temps qu’on gaspille pour elles ? « L’œuvre géniale accouche d’une flopée de piètres imitations » car « les studios comme les indépendants ont tendance à donner le feu vert aux projets les plus répétitifs, actionnant la pompe à fric jusqu’à ce qu’elle ait rendu sa dernière goutte ». Citons juste quelques exemples comme « L’exorciste », « Hellraiser » ou encore « Amityville » (la liste pourrait sans doute facilement faire plusieurs pages !). Livre intéressant même si le chapitre sur la radio m’a moins touché et que certaines références sont datées. Le fond de son propos reste valable.