Si la célèbre maxime « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis » était personnifiée en un seul et unique roman, Bérénice et Aurélien en seraient investis. Dans le Paris grisonnant des années 20, le roman-poème du célèbre Aragon détaille, à la manière du jeune Frédéric dans « l’Education sentimentale » de Flaubert, l’aventure d’un jeune étudiant faisant son droit au cœur de la capitale, à l’acmé de sa luxure. En ces lieux se déroule une histoire d’amour passionnelle entre deux entités parfaitement dichotomiques, l’une prenant forme dans un séducteur aisé au physique d’esthète, bourreau des cœurs mais néophyte du romantisme, et une provinciale disgracieuse au charme quelconque, parfaitement déplaisante pour ces élus de la vie mondaine. A cet effet, rare sont les écrivains ayant pu toucher cette profondeur sentimentale avec tant de de détails et de talent poétique, ce qui nous transmet inéluctablement, ce désir d’aimer avec passion. Excepté l’aspect purement émotionnel du livre, « Aurélien » est aussi un roman d’apprentissage qui fonde et ancre un caractère d’un homme pubère à la croisée de domaines sociétaux pluriels et variés comme l’art, la guerre et la finance.