L’enquêtrice et la culture japonaise

Dominique Sylvain a choisi comme personnage récurrent une détective privé.Les enquêtrices n’étant pas légions dans le polar écrit,c’était une première bonne raison de lire Baka! L’autre intérêt était que l’auteure avait vécu au Japon et pouvait retranscrire sa culture et son identité complexes en connaissance de cause.Au bout du compte,Louise Morvan,à la fois frondeuse,coriace et mutine est un personnage charismatique.Son enquête japonaise,qui paraissait plan-plan de prime abord,s’avérant beaucoup plus compliquée,car le personnage la mettant sur l’affaire est trouble lui aussi.En résulte donc une série de récits emmêlés dont on comprend la nécessité dans le dernier tiers du livre.Baka est donc un bon polar puisqu’il rechigne à se donner facilement et multiplie les ouvertures (au niveau culturel,politique sans compter les univers codifiés des yakuzas qui s’entrechoquent avec les arrangements peu glorieux d’une secte avançant ses propres pions sur l’echiquier du pouvoir).Louise Morvan a le mérite de persister au milieu d’une telle pagaille et d’en dénouer les logiques dingues.Du même coup,le lecteur aime accompagner cette femme dans ce tourbillon narratif puisqu’elle plie mais ne rompt pas tel le roseau.Accepter cette enquête japonaise contrariée,c’est rentrer dans son rythme fou,s’arrêter sur des personnages hauts en couleur voire bazardés et examiner le pourquoi des circonstances si liées mais si extraordinairement démentes dans leurs agencements.Du grand art si vous aimez vous creuser et observer les mécaniques.Une prise de tête si vous aimez les polars conventionnels dont Baka ne fait décidément pas partie.