Le Bazar des Rêves. La nouvelle petite boutique de Castle Rock, et son propriétaire, l'austère mais néanmoins d'une courtoisie et d'une amabilité suspectes, Leland Gaunt. Chacun de ses clients est traité de la meilleure des manières : accueilli d'un large sourire, salué d'une politesse extrême, le client est roi, pour ne pas dire empereur. Chaque article recherché se trouve dans cette boutique si particulière. Le jeu-vidéo désormais disparu de votre enfance ? Un exemplaire dédicacé par le réalisateur du film A cure for insomnia ? Le service à thé hantant vos rêves les plus mirifiques ? Un deuxième exemplaire du manuscrit des 120 journées de Sodome ? Ne cherchez plus. Mais... (Car il y a toujours un mais)
Hantés par la possession de son bien, obsédé par la conservation de son article élevé au rang de grigri, voire de fétiche, rongé par son avarice le plus dévorant, chaque client du commerçant doit alors accomplir la tâche qui lui a été confiée en échange. Les petites plaisanteries, les farces anodines se succèdent. Une poudrière où s'accumulent les griefs et les querelles, crescendo dans leur intensité, que la plus frivole étincelle menace d'embraser à tout moment. Chaque habitant ne tarde pas à s'apercevoir qu'il a conclu un pacte avec le diable... L'obsession se transforme peu à peu en tourment, qui se déchaîne en angoisses et cauchemars indicibles, jusqu'à l'hystérie collective.
Une nouvelle fois, King accomplit un tour de force phénoménal, et les petits faits de la vie quotidienne et banale s'en trouvent bouleversés furieusement. Nos petites lubies ainsi mises à nu, l'angoisse nous saisit, et la magie cauchemardesque de Bazaar s'opère...
(Critique écrite sur Babelio, le 14/03/2015)