Ah, le chantage au suicide ! Bérénice, jusque là plutôt intelligente, nous fait le coup de "Tu me quittes, je me tue" sans essayer de comprendre ce qu'il se passe. Pourtant elle est Reine et devrait connaître deux trois trucs des contraintes qui sont liées à ce rang.
Oh, Titus ne vaut guère mieux: il pleurniche et n'ose pas dire les choses clairement.
Quant à Antiochus, il choisit l'exact moment du possible mariage de Bérénice pour se déclarer, histoire de se plaindre un peu lui aussi.
Pourtant la pièce est originale dans son début: Bérénice et Titus sont amoureux, Antiochus se fait bouler, il comprend que non veut dire non et s'apprête à partir. Mais comme c'est une tragédie, un élément extérieur, Rome, vient mettre un terme à cette entente. Et là, on a deux personnages qui font n'importe quoi sous le prétexte de l'amour. Il aurait été plus cohérent de les voir certes batailler contre le destin mais aussi d'accepter. D'ailleurs, c'est ce qui se passe au final: tous reviennent à la raison. Le dernier mot est "Hélas", ce qui résume parfaitement ces 5 actes.
Côté écriture, il y a moins de punchlines mais les tirades sont magnifiques. Cette pièce est donc moins citable qu'Andromaque mais est tout aussi excellemment écrite.
Que vous dirais-je enfin ? Je fuis des yeux distraits,
Qui me voyant toujours, ne me voyaient jamais.