Apollinaire dessine des poèmes comme on trace des silhouettes à l’aube, la lumière tremblante d’un monde qui vacille. Calligrammes ne se lit pas, il se contemple, il se sent.
Écrire en pleine guerre, c'est éclater les mots pour les éclairés, les dispersés, pour qu’ils deviennent plus riche que du sens : des formes vivantes sur des images fragiles. Chaque calligramme du livre est un souffle qui traverse le silence des tranchées, un battement qui refuse de se taire.
Apollinaire brise donc le cadre, dénoue la syntaxe, joue avec le vide et le plein. Le poème devient corps, qui devient cri, qui devient un éclat de lumière dans la nuit. Calligrammes est, au delà d'un classique, est une déclaration d’amour à la poésie qui se refuse à mourir, même quand tout autour s’effondre.
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine»