Fatima Fahreen Mirza est née en Californie, de parents indiens émigrés, à l'instar des protagonistes de son premier roman, Cette maison est la tienne, publié en France à peine plus de deux mois après les Etats-Unis. Et bien que les personnages du livre vivent en Amérique, c'est bien de la littérature indienne dont se rapproche l'auteure, se penchant principalement sur les dysfonctionnements d'une famille de confession musulmane à travers une trentaine d'années. C'est d'ailleurs dans son aisance à se mouvoir dans différentes temporalités que le livre impressionne, non sans déstabiliser au préalable. En effet, Cette maison est la tienne fait se succéder de très nombreuses scènes sans ordre chronologique préconçu, certaines s'éclairant seulement a posteriori, Fatima Farheen Mirza faisant confiance au lecteur pour remettre dans l'ordre et s'approprier cette pénétrante histoire familiale centrée autour de deux filles, d'un fils, de leurs parents et de quelques membres de leur communauté. Assez rapidement, le roman devient celui des divergences entre deux générations, avec une rébellion qui sera effective chez le fils et moins évidente chez ses deux soeurs qui refuseront cependant d'accepter des mariages arrangés. Il y a un grand talent chez la jeune romancière pour raconter une famille de l'intérieur, ses joies et ses épiphanies mais surtout ses petites lâchetés, jalousies et compromissions. Et une bienveillance constante pour des personnages pleins de nuances qui assument leurs erreurs même aux conséquences tragiques. A ce titre, la confession du père, qui occupe le dernier chapitre, est une pure merveille de grâce littéraire, chargée d'une émotion contenue jusqu'alors. Vu l'âge de Fatima Farheen Mirza, 27 ans, il y a lieu de croire qu'il y a beaucoup à espérer d'une romancière déjà aussi maîtresse d'un style très personnel et d'un tel don pour l'art de la narration.

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le 29 déc. 2018

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Cinéphile doux

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