La pièce raconte l'histoire d'un homme, Cyrano de Bergerac, homme bon, valeureux mais malheureusement affublé d'un nez immense. Ce grand homme est amoureux de sa cousine Roxane, une belle femme, éprise d'un autre homme que lui. Complexé par sa laideur, il finit par aider son rival en lui écrivant ses lettres d'amour, en arrangeant leurs rendez-vous, allant même jusqu'à souffler ses discours. Et pendant que lui met toute son âme dans ses actes, l'autre récolte les fruits de son labeur romantique. C'est une vie d'abnégation, d'engagement et d'amour sincère que va livrer Cyrano de Bergerac, qui au nom de l'honneur, combattra courageusement à la guerre et livrera de nombreux combats, quitte à se faire des ennemis. Puis, un jour, dans un dernier acte sublimissime, la vérité éclatera dans le sang et les larmes.
La pièce est, au début, un peu décourageante : de nombreuses didascalies, de nombreux personnages, des situations complexes et une organisation fantastique. On peut se perdre dans certains dédales de répliques. Cependant, très vite, la beauté des rimes (ça change de Molière) et la clarté de l'intrigue principale aident le lecteur et le mènent à ce qui est l'essence même de la pièce : l'Acte V. En effet, c'est lui qui donne à la pièce d'Edmond Rostand toutes ses lettres de noblesse par la douleur, la tristesse et même les larmes qu'il nous inspire. La pièce se termine en Apothéose avec le monologue de Cyrano qui se révèle si beau, si courageux et si désespéré que la pièce prend toute son épaisseur : c'est la condition de l'engagement stoïcien qui est vanté par Rostand, celui qui lutte pour le bon, le vrai, le juste.
Que dites-vous ? C'est inutile ? Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non non ! C'est bien plus beau lorsque c'est inutile.