Après avoir été récompensée (pour ce bijou) du Prix Renaudot et du Prix Goncourt des Lycéens, ce fantastique roman de Delphine de Vigan a aussi trouvé sa place à Cannes, porté à l’écran par Roman Polanski. Pour ma part, je n’avais lu qu’un seul de ses livres – No et moi – avant d’entamer (et dévorer) ce dernier livre que j’ai adoré.


J’ai été intriguée par sa quatrième de couverture, puis j’ai été instantanément charmée dès les trente premières pages. L’intrigue de ce roman pouvant être qualifié de « page-turner » divisé en trois parties ne vous laissera pas sortir indemne de cette lecture.


Avec une écriture simple, fluide, efficace, et pourtant porteuse d’une lourde charge émotionnelle, Delphine de Vigan réussit à mes yeux un pari osé : un roman semi-autobiographique peut-être truffé de mensonges.


Ce roman plutôt court (moins de 400 pages) réussit à installer avec brio une atmosphère pesante, un malaise malfaisant, au travers d’une relation reposant sur une sorte de malveillance toxique, dont la montée en puissance est aussi improbable qu’attendue, ce qui la rend magistrale.


Le point fort de ce livre est ce sur quoi il repose : la Réalité et la Fiction, le Vrai et le Faux. En effet, si il fallait résumer ce livre (qui ne se résume pas) Delphine – l’héroïne, qui ici, est Delphine de Vigan – fragile et sensible, rencontre L., après la sortie de son roman « Rien ne s’oppose à la nuit ».


L. est une de ces femmes que Delphine admire.


L. devient une amie, un appui. Jusqu’au jour où tout bascule.


L’anonymat de L. (ou elle) nous importe peu à la fin de ce roman. En effet, ce roman ne nous interroge pas sur son identité selon moi, mais plus les frontières qui séparent le réel de la fiction. Le jeu de la lecture tient ici entre l’auteure et le lecteur, qui ne sait plus démêler le vrai du faux, dans cette courte immersion dans la probable intimité de Delphine de Vigan.


Qu’en est-il du Vrai, et du Faux ? Où commencent-ils ? Où s’arrêtent-ils ? Peuvent-ils se confondre, ou s’additionner l’un à l’autre ?


Ces interrogations, se développent autour du déséquilibre toxique qui naît et s’installe progressivement entre L. et Delphine nourrissent le roman, nous questionnant ainsi sur l’ambivalence entre la réalité et la fiction. Cependant, par cette plongée fictionnelle (ou non) qui se termine en apothéose, Delphine de Vigan interroge aussi le lecteur sur ses rapports avec ses lectures, et le pouvoir de l’auteur à pouvoir faire « du vrai » avec « du faux » : c’est à dire le principe de l’autobiographie-fiction, consistant en un demi-mensonge.


Cependant, si comme moi l’identité de L. vous intéresse, je me demande : et si L. n’était que Lou Delvig, c’est-à-dire Delphine de Vigan même, sous son premier nom de plume ? Et si le roman ne relatait en réalité que la relation qu’a un auteur avec lui même ?


Avec ce roman les pistes se multiplient : réalité ou fiction ? Vrai ou faux ? L. ou Delphine ? Elle ou L. ? L. et Delphine ?

bensassou
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le 10 sept. 2017

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bensassou

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