Ils sont sept. Sept parcours, sept destins, sept histoires, sept caractères réunis par la même envie de vivre autrement, à la marge. Vivre libre, ensemble, loin des carcans. La rage au ventre, ils débattent, s’engagent, manifestent. Face aux CRS, dans les effluves des gaz lacrymogènes, ils tissent des liens indéfectibles. Investissant une maison « abandonnée », ils mettent en œuvre dans leur squat une organisation collective permettant à chacun de s’épanouir. Et au milieu de ce terreau libertaire va pousser la plus belle des histoires d’amour. Entre Jeanne et Basile, c’est le coup de foudre, l’attirance incontrôlable, cet autre que l’on ne pensait jamais trouver et qui pourtant est bien là, bras, cœur et corps grand ouverts. Une relation fusionnelle, incandescente, intense, que l’on pense éternelle. Parce que demain ne leur a jamais paru aussi beau. Parce que « demain est une promesse »…


Marion Brunet ne donne aucune leçon avec ce roman engagé. Elle présente juste une façon d’envisager l’existence, certes marginale, mais qui en vaut bien d’autres. L’aventure humaine relatée ici conte le cheminement d’une bande d’amis unie par la colère et l’incompréhension face à un monde dont ils ne partagent pas les valeurs. Ils sont beaux ces enfants de la révolte. Attachants, sensibles, agaçants aussi parfois, tellement riches de leurs espoirs, de leur lucidité désenchantée, persuadés qu’ils ne changeront jamais les choses, car le pouvoir restera toujours à la force brute de l’état policier, mais incapables de rentrer dans le moule formaté que la société leur propose.


Le texte est porté par une écriture pleine de souffle, rythmée, percutante. Sans envolées lyriques malvenues mais avec un réalisme et une chaleur qui illuminent chaque page. Et puis cette fin tragiquement belle, qui vous empoigne et vous serre le cœur, vous laisse groggy et désemparé avant d’insuffler une petite dose d’optimisme qui redonne espoir. Un roman magnifique, qu’il serait stupide de réserver à un lectorat adolescent tant son propos est universel et ses qualités littéraires évidentes.

jerome60
8
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le 8 mars 2016

Critique lue 300 fois

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jerome60

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