Ce qu’on aime bien dans les polars américains, c’est le vécu, le côté brut de décoffrage. Par exemple, lorsqu’à la fin de Dark Horse Craig Johnson nous raconte la longue et épuisante chevauchée nocturne de son personnage à travers un plateau montagneux désolé. Il sait de quoi il parle, lui qui été successivement cowboy et pêcheur professionnel, mais aussi charpentier et prof d’université. Dans ce cinquième volume d’une série où l’on respire à plein nez l’odeur du crottin et la poussière rouge des routes du Wyoming, on retrouve le héros récurrent de Craig Johnson, Walt Longmire – shérif coriace mais au cœur tendre – une nouvelle fois embarqué dans une épopée digne d’un film de Raoul Walsh ou des frères Coen. Moitié roman noir, moitié western, Dark Horse mêle une intrigue un peu trop classique (une enquête parallèle pour tenter d’innocenter une éleveuse de chevaux accusée du meurtre de son mari) à des poursuites et des bagarres particulièrement viriles, ponctuées de dialogues savoureux. Un roman haut en couleur (avec toutefois une dominante de noir et de bleu nuit) qui plaira particulièrement aux amoureux des chevaux et des grands espaces!