J’ai sans doute un problème avec García Márquez : j’ai dû commencer trois fois Chronique d’une mort annoncée sans jamais dépasser la page 20, et mis deux mois pour venir à bout de ces douze récits. Et une fois ces cent cinquante malheureuses pages terminées, je me suis demandé ce qu’il y avait à en garder.
Qu’on soit bien d’accord : ces Douze contes vagabonds*Texte en italique* n’ont rien d’esthétiquement révoltant, proposent véritablement de la littérature, ne sont – pour ce que la traduction d’Annie Morvan me permet d’en juger – pas mal écrits, ni mal construits. J’aime bien « Je ne voulais pas téléphoner », quoique avec dix pages de moins on aurait un véritable chef-d’œuvre à la Kafka. Il y a même quelques formules percutantes : « son bras d’ours polaire dressé à l’art de tuer par inadvertance » (dans la nouvelle en question, p. 69) ou « Elle était comme une messe du dimanche sans la consolation d’un chant » (dans « L’Été heureux de Mme Forbes », p. 122).
Çà et là évoluent des personnages intéressants – je veux dire intéressants à l’échelle d’une nouvelle –, comme dans « Bon voyage, monsieur le Président » ou « La trace de ton sang dans la neige ».
Et ensuite ? On finit par se demander quel est le propos. Voire s’il y a un propos. Tout est tellement dilué… Par moments, j’ai eu l’impression de me retrouver face à l’un de ces clichés de films français, techniquement très propres, construits à partir d’une excellente idée, mais désespérément dépourvus d’âme – ou de piquant, ou de fun, ou de quelque nom qu’on donne à cela.

Alcofribas
6
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2019

Critique lue 71 fois

1 j'aime

Alcofribas

Écrit par

Critique lue 71 fois

1

D'autres avis sur Douze contes vagabonds

Douze contes vagabonds
Cthulie-la-Mignonne
5

Douze contes qui auraient dû rester au fond d'un tiroir

Je remarque que parmi les personnes dont j'ai pu lire ici et là les critiques de Douze contes vagabonds, une partie d'entre elles connaissait déjà Garcìa Márquez, l'apprécie beaucoup, et n'aime pas...

le 9 août 2018

4 j'aime

6

Douze contes vagabonds
boobsi
5

Critique de Douze contes vagabonds par boobsi

Comme son nom l’indique, douze contes et nouvelles composent ce recueil. Un des thèmes prédominant de ce livre est l’exil : exil politique ou encore exil social. J’ai trouvé ce recueil très...

le 29 déc. 2014

2 j'aime

Douze contes vagabonds
Alcofribas
6

Sans cela

J’ai sans doute un problème avec García Márquez : j’ai dû commencer trois fois Chronique d’une mort annoncée sans jamais dépasser la page 20, et mis deux mois pour venir à bout de ces douze récits...

le 25 déc. 2019

1 j'aime

Du même critique

Propaganda
Alcofribas
7

Dans tous les sens

Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...

le 1 oct. 2017

30 j'aime

8

Le Jeune Acteur, tome 1
Alcofribas
7

« Ce Vincent Lacoste »

Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...

le 11 nov. 2021

20 j'aime

Un roi sans divertissement
Alcofribas
9

Façon de parler

Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...

le 4 avr. 2018

20 j'aime