Grandeur multimillénaire et décadence en Melnibonée...

C'est au cours de l'année 1989 que j'ai entrouvert pour la première fois les portes du monde infiniment créatif et imaginatif de la fantasy avec, dans l'ordre, les auteurs Mickaël Moorcock et J.R.R. Tolkien. Pour ce premier, l'impact évocateur de la découverte de son héros albinos sur mon esprit m'a conduit à découvrir par la suite quasiment toute son œuvre qui est bien loin d'être anecdotique ou monolithique.

Le créateur d'Elric, sa série la plus fameuse (et la plus réussie de mon point de vue), n'était pas un précurseur du genre puisque, comme il l'a lui-même expliqué dans la préface ainsi que dans la postface de ce 1er tome, ses influences ont été variées, allant de Fritz Leiber à Poul Anderson en passant par Howard et, bien entendu, Tolkien.
Mais lorsque certains lui reprochent de rebattre des clichés éculés, ils se fourvoient, tout simplement parce qu'au début des années 70, il n'y avait pas encore pléthore d'auteurs de fantasy, comme c'est le cas aujourd'hui.

Mickaël Moorcock, avec l'Empereur albinos condamné à subir son immense et terrible destin, invoque là un héros inhabituel, loin des clichés du guerrier puissant et invincible. Lorsque débute le récit, il est l'empereur contesté de la Cité qui rêve, en premier lieu par son cousin Yyrkoon qui convoite sa position de pouvoir de celle qui fut et demeure encore la plus grande civilisation du monde connu. Mais l'occupant du trône de rubis est un être que l'on dit maudit. La faiblesse physique côtoie Elric, le doute l'accompagne souvent, les questions sur son libre arbitre le taraudent en permanence depuis qu'il a passé un pacte avec le plus puissant des seigneurs du chaos et qu'il possède la buveuse d'âmes.
L'auteur aborde d'une façon mélancolique la sempiternelle lutte de la Loi contre le Chaos, l'hypothèse de la destinée (est-on maître de son destin ou bien le subit-on ?) accompagne le lecteur de bout en bout. Les questions existentielles émaillent ce roman comme autant d'échos aux suppositions millénaires des penseurs de l'humanité.

Comme l'indique l'auteur lui-même, ses écrits sont avant tout un divertissement mais, pour ceux qui souhaitent aller plus loin, des portes existent vers d'autres mondes... il ne tient qu'au lecteur de les franchir.
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le 12 sept. 2012

Modifiée

le 12 sept. 2012

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