Un roman d’espionnage dans un univers dystopique, au sein d’un territoire profondément divisé politiquement, avec un soupçon de conflit familial entre deux sœurs. Cette première phrase résume bien le problème de ce livre : trop d’intrigues tuent l’intrigue.
C’est le premier roman de Kennedy que je lis. J’ai trouvé la plume assez simpliste, mais tout de même fluide. Les dialogues, en revanche, ne m’ont pas convaincu, notamment en raison de leur manque de réalisme. L’imagination de l’auteur est visiblement débordante, et certaines idées sont très bonnes — mais, selon moi, mal exprimées. On tombe souvent dans la caricature, avec un réel manque de profondeur pour une situation géopolitique qui devrait être bien plus complexe que ce qui en a l'air. Il aurait été intéressant, par exemple, de nous faire douter du "bon côté", voire de remettre en question la pertinence même de cette notion. C’est quelque chose qu’Orwell avait parfaitement réussi dans 1984, roman qui a d’ailleurs très certainement inspiré Kennedy ici.
Sur le fond, j’ai trouvé certains passages — surtout au début et au milieu — assez ennuyeux, voire répétitifs. On nous expose en détail le plan d’espionnage, alors que ce n’est clairement pas ce qu’on attend en tant que lecteur. Plus généralement, j’ai vraiment eu l'impression que la multiplication des intrigues nuisait à l’ensemble, et étirer le récit pour nous emmener dans quelque chose que l'on ne saisit pas.
Le personnage de Stengel m’a paru peu attachant. Tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait manque de profondeur. L’auteur ne joue pas avec les banalités qui pourraient donner l’illusion d’une personne réelle, et j’ai donc eu du mal à m’attacher à elle, d’une manière ou d’une autre.
Pour finir sur une note positive, je dois reconnaître avoir ressenti une certaine tension, notamment vers la fin, avec de nombreux rebondissements. Néanmoins, (bon finalement je finis sur une note négative^^) la toute fin du livre m’a paru d’un ennui morbide et franchement décevante, à l’exception peut-être de la dernière phrase, qui, telle une chute, parvient à interroger notre société contemporaine et ce qu’elle aspire à devenir.
Mieux vaut ne jamais baisser sa garde. Mieux vaut battre en retraite. Mieux vaut rester seule. Et c'est ainsi que nous vivons aujourd'hui.