National-SOCIALISME ?

Face aux discours selon lesquels le fascisme et le nazisme seraient "de gauche", comme l'indiquerait le nom de national-socialisme, Fascisme et grand capital de Daniel Guérin remet les pendules à l'heure. Il commence par montrer que le fascisme est à l'origine violemment anti-ouvrier. En analysant rigoureusement les liens entre le fascisme (italien et allemand) et le "grand capital", à savoir l'industrie lourde, les banques et la finance, il est mis en évidence que le fascisme sert avant tout les intérêts du capitalisme. Ce qui n'est pas très étonnant puisque le grand capital en est le principal financeur. Néanmoins, en Italie comme en Allemagne, le fascisme se dote d'un discours socialisant, disant servir les intérêts des travailleurs et des paysans, parfois même plus que certains partis de gauche. Daniel Guérin, sources à l'appui montre qu'il ne s'agit là que de pure démagogie pour rallier les masses au fascisme. Une fois au pouvoir, les éléments "trop à gauche" seront immédiatement purgés et un puissante répression sociale pourra alors se mettre en place.

L'auteur souligne aussi l'impuissance qu'a eu la gauche à faire face au fascisme et à proposer une alternative sérieuse, en tous cas plus enviable pour les travailleurs. Le fascisme est le fruit du capitalisme pourissant, l'antifascisme défensif est donc insuffisant, c'est le capitalisme lui-même qu'il faut combattre .

Le côte libertaire/trotskiste de l'auteur aboutit à quelques remarques critiquables ici et là mais l'ouvrage reste excellent dans l'ensemble et permet de comprendre les liens entre capitalisme et fascisme, bien loin des thèses libérales farfelues d'"anomalie de l'histoire" ou de "folie des masses".