Une tragédie

Le mythe de Faust est un mythe que je ne connais plus par ses diverses réécriture que par le texte de Goethe et j'avoue être par moments un peu sceptique sur ce dernier, car tout ne me semble pas hyper accessible. Si le prologue sur le théâtre est assez "amusant" puisqu'il se place avant le prologue dans le ciel présentant l'intrigue, ce qui semble signifier que l'auteur de théâtre est démiurge, qu'il crée le bien et le mal, Dieu, le Diable et tout le reste, j'avoue que certains passages m'ont laissé de marbre, notamment l'intermède chanté avec des personnages qui semblent sortir de nulle part.

Cependant, aimant ce mythe, j'ai été ravi par tous les passages où Faust est tourmenté, sur la manière avec laquelle Méphistophélès arrive à le tenter... Comment Faust se met à désirer la belle Marguerite et comment il serait prêt à tout pour l'avoir, même à user de la ruse.

J'aime aussi que le diable ne semble pas omnipotent, certes il use de magie, certes il est rusé, intelligent et l'on ne le prendra pas à son propre jeu, mais il ne peut pas tout faire pour autant. Ses pouvoirs ont des limites, ce qui permet malgré tout une tension dramatique, car on sait qu'il ne va pas pouvoir faire en sorte que l'impossible se produise et que les drames humains qui se jouent, notamment à la fin sont bien réels et non pas factices. Il ne peut ainsi créer une réelle tension dramatique et mériter son titre de tragédie.

Et donc malgré les passages chantés qui me semble parfois assez abscons il se dégage une véritable ambiance de l’œuvre et l'on se rend compte de l'impact du vice sur ce Faust tenté par le malin. En plus je l'ai lu dans une version traduite par Nerval et ça reste un beau texte (je ne sais pas si c'est aussi bien, sans doute pas, que le texte de Goethe) et illustrée par Delacroix et franchement, les illustrations (lithogravures ?) renforcent le côté maladif de l’œuvre par la posture, les expressions des personnages, où Faust comme Méphisto semblent mauvais tout en tournant autour de Marguerite. L'illustration finale qui fait également la quatrième de couverture montre bien en plus Marguerite dans sa prison, seins nus entraînée par Faust... On sent alors qu'elle dit vrai dans le texte, Faust ne l'aime pas, il la désire, c'est purement sexuel, ce n'est rien de bon, ce n'est que de la luxure.

Rien de bon ne naît du pacte faustien, il ne laisse que le malheur et la désolation, et ça c'est beau.

Je reste cependant mitigé sur l'idée de Faust II, que je n'ai pour l'heure par encore lu, puisqu'il semblerait que le ton y soit différent et que ce que j'ai aimé ici c'est justement le ton, le tragique, cette sensation de chaos, cette sensation que l'on ne contrôle rien et que ça ne peut pas bien se finir, que chaque action en entraîne de plus mauvaises.