Le problème avec Fellini, c’est qu’il reste au-delà de toutes ses qualités techniques un conteur d’histoires. Et ? Et bien même en interview, il continue. Clairement dominé par son interlocuteur, l’auteur peine un peu à faire parler Fellini de son cinéma, de sa vision de l’art et de ses secrets de fabrication. Les torts sont partagés : quand ce n’est pas Il Maestro qui digresse, c’est le journaliste qui s’intéresse trop à l’homme (et ses réflexions sur la religion, sur la société, etc.) qui, au fond, ne sont guère passionnantes et peu éclairantes. Cette fascination de l’auteur se ressent d’ailleurs dans cette tendance, un peu pesante, à laisser les réponses de Fellini en immenses bloc, tuant dans l’œuf tout rythme de retranscription d’interview.

Le livre est toutefois loin d’être mauvais ou inutile. A plusieurs reprises, Fellini glisse quelques pistes intéressantes, dit des choses l’air de rien, noyant des idées dans un flot continu de pensées ; le lecteur averti saura dès lors retirer de très bonnes choses, des moments de grâce où le cinéaste se dévoile en tant qu’artiste. Ces petits passages, ces quelques lignes disséminées ça et là offre une perspective presque intime de l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps, et cela valait bien quelques efforts pour en arriver là, tant le résultat est intéressant. Certainement pas le livre ultime sur le cinéaste, mais pas le plus négligeable pour autant.
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le 30 sept. 2013

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