Oui
Zweig, nouvelliste immense, romancier occasionnel mais grandiose, historien profond, dépeint un des hommes politiques français les plus insaisissable de l'Histoire de France. On peut préférer...
Par
le 26 nov. 2019
12 j'aime
3
Pas fan de Zweig à cause de son côté "c'était mieux avant" mais j'étais obligé de lire son "Fouché" en ce qu'il "rend hommage" à un des personnages les plus intriguant (le mot est bien choisi) de l'histoire de France.
On comprend bien au fur et à mesure qu'on s'intéresse à l'Histoire que, contrairement à ce qu'on intériorise à l'école, ce ne sont pas les grands personnages qui bouleversent à eux seuls tout un ordre établi, ce sont les travailleurs de l'ombre (Fouché en fait partie) et le contexte sociétal. A ce titre, le bordel politique que constitue les vingt-cinq années de la Révolution française jusqu'à la chute de Napoléon en sont l'exemple parfait. Et Zweig choisit selon moi le meilleur personnage pour la mettre en scène dans une époque où il y avait pas mal de concurrence. Pourtant je suis convaincu qu'une énième biographie de Napoléon ou bien Talleyrand ou Robespierre n'auraient pas fait l'affaire d'autant plus qu'à l'époque de Zweig, beaucoup d'ombre entoure encore la vie de Joseph Fouché. C'est pourquoi ce roman biographique d'un style franchement excellent est pour moi une pépite.
Alors déjà je rends honneur à Zweig qui par sa narration limpide arrive à détricoter une histoire qui est sacrément compliquée, pleine de rebondissement et dans laquelle Fouché se retourne bon nombre de fois. C'est une des premières choses que l'on apprend dès les première pages : Fouché, député du Tiers-état en 1789 va retourner sa veste un bon nombre de fois au gré des vicissitudes politiques de la France de l'époque, où il se déroule parfois une fois par jour un évènement qui va bouleverser le pays pour les décennies à venir.
Assoiffé d'être dans le camp des vainqueurs Fouché vote la mort du roi en 1793, se mesure à Robespierre et participe à sa chute, participe à l'avènement de Napoléon pour ensuite s'opposer à lui et pour finir exilé à la Restauration.
Sans jamais perdre de vue Fouché, Zweig réussit aussi à contextualiser certains passages comme la chute de Robespierre et prend le temps de présenter tous les protagonistes, parfois sur plusieurs pages. L'alliance entre Fouché et Napoléon est fascinante. Le premier, ministre de la Police devenu indéboulonnable tellement il a de dossier sur tout le monde (il rappelle méchamment John E Hoover qui doit être un de ses plus grands fans) s'allie avec "le plus grand homme de l'univers" alors même qu'une animosité sourde lancinante s'installe entre les deux hommes dès les premières secondes de leur collaboration. Moins Napoléon a d'emprise sur son pays, plus leur relation devient comme moisie, presque insupportable vers la fin du récit. Le travail psychologique de Zweig et remarquable. Il parle d'ailleurs dès le début de son admiration pour Balzac qui fut le premier selon lui à sonder la personnalité complexe de Fouché. C'est presque étonnant que ce personnage livide (le mot revient souvent chez Zweig) n'était animé que par les jeux de pouvoirs plus que tout au monde. L'époque compte bon nombre d'arrivistes mais tout le monde l'était pour une raison (enrichissement, position sociale etc) tandis que Fouché est le seul à ma connaissance qui bandait juste de conspirer contre ses collègues.
En bref un bon récit biographique magnifiquement bien écrit, chapeau bas
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Coups aux tripes
Créée
le 9 juin 2025
Critique lue 7 fois
1 j'aime
Zweig, nouvelliste immense, romancier occasionnel mais grandiose, historien profond, dépeint un des hommes politiques français les plus insaisissable de l'Histoire de France. On peut préférer...
Par
le 26 nov. 2019
12 j'aime
3
La biographie de Fouché par Stefan Zweig est un de ces livres dont on ne regrette pas une page et il est difficile de dire ce qui plait le plus dans ce livre tant il a de lumineuses qualités. Il est...
le 24 juil. 2020
5 j'aime
Passionnante biographie du plus grand homme politique de son temps, j'ai nommé le diabolique Joseph Fouché. Par homme politique, j'entends: machiavélisme absolu, sans morale, sans scrupules, sans...
le 18 déc. 2012
5 j'aime
Je suis obsédé par la mort depuis mes vingt ans. J'étais capable d'en faire des crises d'angoisse et de violentes déprimes avec des creux à l'estomac par une simple pensée. Cela m'est venue comme ça...
Par
le 19 juil. 2023
2 j'aime
Immersion dans l'histoire bordélique de la Russie de la première moitié du XXème siècle sur 800 pages en poche, c'est le Docteur Jivago qu'il faut lire.Dans la lignée des grands romans russes au...
Par
le 8 août 2023
2 j'aime
Pas fan de Zweig à cause de son côté "c'était mieux avant" mais j'étais obligé de lire son "Fouché" en ce qu'il "rend hommage" à un des personnages les plus intriguant (le mot est bien choisi) de...
Par
le 9 juin 2025
1 j'aime