Le risque lorsque l'on achète un livre d'histoire (ou même un roman historique) à l'aveugle c'est que l'on ne sait jamais sur quoi l'on va tomber. Réécriture malvenue de l'histoire ? Ouvrage profondément historiographique interdit aux profanes ? Essai richement documenté et fournissant une analyse fine de la période ?
M'étant retrouvé dans cette situation en tombant sur la magnifique couverture de ce livre au hasard d'une librairie d'occasion, je me suis empressé de sortir mon téléphone pour vérifier rapidement qui était André Castelot. RAS, l'historien semblait qualifié et ses autres ouvrages étaient très bien notés.
Malheureusement, ce François Ier est frustrant à plus d'un niveau. A mi-chemin entre le roman historique (qu'il n'est pas vraiment tant la narration est inconstante dans son style et ses points de vue) et la biographie (sans en être totalement une puisque l'auteur reconnaît à maintes reprises s'adonner à des parenthèses fantaisistes et autres commentaires sur la société de l'époque), cet ouvrage tient plus... de la propagande !
Avec André Castelot, c'est donc un roi jamais en tort, toujours adroit politiquement et à deux doigts de la figure divine qui nous est présenté. Les Anglais sont des rustres sans finesse d'esprit ni d'amour pour la subtilité*, tandis que les Espagnols sont dans l'opulence, la luxure, la gourmandise et bien incapables d'apprécier l'élégance française. Les erreurs politiques de François Ier ne lui sont jamais dues, ses échecs militaires sont balayés par l'épique romanesque de ses charges. Si François est gourmand avec les femmes, c'est du charme et de l'élégance. Si c'est un autre, c'est un rustre et un goujat.
Je pourrais continuer ainsi pendant longtemps tant l'auteur s'efforce de vouloir peindre un tableau parfait du règne de François Ier en glissant au passage des remarques que je qualifierais de "vieux con" à défaut de réactionnaire lorsqu'il s'émeut des différences entre ce temps charmant de la Renaissance et notre époque contemporaine.
Malgré tout, j'ai dévoré ce François Ier qui se lit très aisément notamment grâce à un style assez léger et parfois humoristique. Une fois compris à quel genre d’œuvre nous avons à affaire, il devient alors assez facile de se laisser emporter par cette vision magnifiée du royaume de France de la première moitié du XVIème siècle, de ses hommes de cours galants, de ses armées splendides et ses festins et autres cérémonies extraordinaires où abondent or et tapisseries.
En refermant ce livre, on quitte donc un bien curieux ouvrage que j'aurais sûrement apprécié de parcourir encore un peu plus longtemps.
*Puis-je vraiment le blâmer sur ce point ?