Je me souviens avoir vu ce livre en cours lorsque j'avais 16 ans. Les copains et moi, on rigolait un peu de ce ton burlesque et surtout de cette vulgarité. Puis il y avait les filles qui disaient toujours que nous, les garçons, étions vraiment immatures, cette critique était bien sûr appuyée par le professeur. C'est quand même bizarre quand on y pense. Un auteur fait des blagues pipi caca, mais on ne peut pas en rire sinon on est des gamins... Moi j'aime bien l'humour pipi caca. Ce n'est pas plus sot qu'un autre type d'humour. Je peux autant rire des répliques burlesques d'un Woody, des gags bon enfant de Charlot, des hurlements de Ferrel ou encore d'un Biggs qui se frotte une tarte aux pommes entre les jambes. Pour moi, la recette pour faire du bon humour, ce n'est pas le ton, le thème, le 'niveau', mais simplement le traitement : si on traite à fond un gag, qu'on le prépare, qu'on le met en scène, alors ça peut être drôle. Ainsi, voir quelqu'un tomber ou péter tout simplement, ça ne me fait pas rire ; en revanche, jouer avec le contexte, la cause, l'origine, la manière de le montrer, tout cela participe réellement du rire. C'est sans doute pour cela que je ne fais pas la différence entre une réplique pleine d'esprit et un prout. C'est pour ça aussi certains gags peuvent m'échapper (exemple, en utilisant un terme que je ne connais pas) et pourtant me faire rire, grâce au travail d'enrobage du gag. Mais je digresse là.


En parcourant l'introduction, je m'aperçois qu'il existe en réalité 5 livres (je ne possède que les deux premiers réunis en un bouquin illustré par Doré). Soit j'avais oublié, soit mon professeur n'avait pas tout dit. Autre surprise, dans mes souvenirs j'avais cru comprendre que "Pantagruel" ne faisait qu'une page alors qu'en fait il en fait plus de deux cents. À mon avis, on avait passé tellement de temps sur le premier volume que le professeur a juste voulu qu'on travaille sur un résumé/extrait du second. Et puis je constate que, quand même, le second est fort répétitif par rapport au premier. Il se démarque de ce dernier surtout pour ses derniers chapitres introduisant ce curieux personnage nommé Panurge.


"Gargantua"
Note : 8/10
Mon préféré des deux livres. Pourtant il ne se passe pas grand chose. Naissance, éducation, guerre, fin. Pas d'objectifs, mais bien des enjeux, et ces enjeux sont surtout d'ordre philosophique. Car sous cette apparente vulgarité, Rabelais saisit l'occasion de porter par écrit ses convictions les plus profondes sur la manière de s'éduquer, ce qu'il importe dans la nature humaine, et ce qu'il faut pour devenir un homme de qualité. Une belle utopie philosophique, c'est certain. Mais c'est sincère, et même si on ne peut être d'accord sur tout, ça fait cogiter. Je regrette tout de même que cette plume rocambolesque ne serve pas une histoire moins décousue où ça partirait moins dans tous les sens.


"Pantagruel"
Note 7/10
J'aime beaucoup ce livre aussi, mais on a compris le message. Ce second livre reprend en effet les thèmes du premier, avec quelques modifications, quelques explications supplémentaires. Comme si Rabelais avait voulu nous indiquer l'évolution de sa pensée. La narration reste trop similaire : naissance, éducation, guerre. Sauf qu'avant la fin, l'écrivain propose de partir dans une nouvelle direction en introduisant un nouveau personnage qui va jusqu'à voler la vedette à Pantagruel. L'occasion d'aborder les thématiques sous un autre angle, mais un angle pas trop différent quand même. Disons que cette trouvaille donne un second souffle au livre qui finissait par devenir lassant.


Les dessins de Gustave Doré
Note : 9/10
Les gravures et autres gribouillis qui illustrent les propos de Rabelais sont vraiment très intéressant. J'aime beaucoup Doré déjà. J'ignorais qu'il avait illustré ce livre (c'est d'ailleurs grâce à sa couverture que j'ai remarqué ce livre dans le foutras de cette boutique de seconde main) et qui plus est à 22 ans ! Ses dessins à la plume sont d'une grande justesse. Il met beaucoup de trait, comme s'il voulait imiter la technique de la gravure, et curieusement cela ne gêne pas. Pourtant le surplus de traits peut vite devenir encombrant en terme de lisibilité. Quant aux rares gravures présentes dans ce bouquin, elles sont vraiment très impressionnantes.


Bref, lire ce bouquin réunissant ces deux livres m'a donné beaucoup de plaisir tant pour les écrits que les dessins (nombreux). J'espérais tout de même une narration plus fluide, plus classique peut-être tout en portant ces multiples messages.

Fatpooper
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le 3 mai 2014

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