Ver à moitié vide
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le 29 sept. 2023
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Dans Ton absence n'est que ténèbre, Jon Kalman Stefansson mettait en scène une femme accédant soudain à une certaine célébrité littéraire en écrivant un article sur les vers de terre. Gaspard Koenig aura écrit tout un livre là-dessus. Jouant sur l'éco-anxiété et le côté mouvementé de la présidence Macron, avec gilets jaunes duement référencés, il nous sert ici la trajectoire de deux jeunes passionnés par les vers de terre et leur potentiel de régénération des terres.
Humus a pas mal d'atouts pour séduire, mais souffre de certains problèmes. Les personnages féminins servent un peu de faire valoir à l'intrigue, on a l'impression de voir des stéréotypes plus que des personnages. Philippine est juste l'ambitieuse capitaliste, son personnage est massacré et rien, pas le moindre éclair d'humanité, ne viendra la sauver. C'est typiquement le genre de personnage qui n'est pas écrit, juste un rôle que l'auteur voulait voir tenu. Anne est déjà plus intéressante : elle accumule tous les clichés de la fille paumée, tiraillée entre sa vie de bourgeoise et ses idées écolos qui peinent à devenir des convictions. Elle, au moins, s'avère un vrai personnage. Mais le pire, c'est Léa : celle-là, on dirait qu'elle est là pour la caution. Le fait qu'elle accompagne Arthur dans la partie finale du roman n'a absolument pas le moindre sens, comme si l'auteur s'était dit : merde, j'ai pas mis de personnage féminin positif, on va me tomber dessus à cause de ça.
Pour les personnages masculins, c'est un peu pareil, à bien y réfléchir : Kevin est bien trop lisse, on ne croit pas trop non plus à son existence. Arthur est déjà beaucoup mieux écrit. Le puriste qui va, croyant que tout est fichu, sombrer dans le radicalisme, on y croit, même si la fin en fait bien trop.
En écrivant tout ceci sur les personnages, une évidence s'impose : Humus aurait gagné, et pas qu'un peu, à ne s'intéresser qu'aux personnages d'Arthur et d'Anne, quitte à faire d'Arthur le créateur de l'usine à vers, qui après son échec aurait tenté son expérience en Normandie. En déblayant Philippine, déjà absente du récit de toute façon, et en ravalant Kevin à l'état de personnage secondaire, quitte à creuser l'attirance entre Arthur et lui pour créer une situation un peu plus trouble, on aurait eu quelque chose de bien plus resserré et intéressant.
Un détail qui m'a fait rire : Arthur a fait des études d'ingénieur agronome, et il ne pense pas tout seul à fertiliser sa terre avec du compost ou autre? Il lui faut vraiment attendre qu'un voisin vienne lui proposer un chargement de fumier pour ça? On va mettre ça sur le compte d'un auteur citadin, qui ne connaît la campagne que par ses vacances.
Mais on ne va pas récrire le livre.
Reste que l'ensemble n'est pas inintéressant. Nous parlions un peu plus haut d'atouts : les passages en mode comédie humaine tendance critique sociale sont plutôt réussis. Les personnages d'Arthur et d'Anne, on l'a dit, ne sont pas inintéressants. L'ancrage dans l'actualité, tendance théorie du complot, aurait mérité d'être plus creusé, parce que là ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (les predators, sérieusement? Ok une idée similaire marchait chez Liu Cixin, dans La forêt sombre, mais parce que ce dernier justifiait scénaristiquement une telle démarche). Reste qu'on aurait pu avoir avec ça un côté écothriller sympathique.
Humus n'est donc pas tellement une réussite, mais on est loin du ratage intégral.
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Créée
le 19 oct. 2025
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