Iliade
7.9
Iliade

livre de Homère ()

Ayant entendu Paul Veyne, par le plus pur des hasards (d'autant que je ne le connaissais pas avant), parler de sa traduction de l'Eneide de Virgile, avec tant de passion et humour (cf vidéo en bas de critique) que j'ai eu envie de lire l'Enéide dans sa version (plutôt que celle que je possédais déjà, mais que je n'avais pas encore lue). Puis je me suis dit que tant qu'à faire, autant commencer là où tout commence, chez Homère. Au-delà du côté "mythique" de l'oeuvre, qui a irrigué beaucoup de la littérature postérieure, je n'ai pas lu l'iliade en me disant, il faut que je la lise parce qu'il faut l'avoir lue. C'est inutile et ça n'entraîne souvent que des frustrations de mon côté. Je gardais d'ailleurs un très mauvais souvenir de l'Odyssée qu'on nous faisait étudier au collège, dans une version abrégée et simplifiée (mais de fait beaucoup moins intéressante), et les aventures d'Ulysse me laissaient franchement de marbre, voire irritée.


Avant de lire l'Iliade, une petite préparation s'impose, si on ne veut pas être noyé assez rapidement dans le récit.
J'ai commencé en me remémorant les causes de la guerre de Troie (connues assez largement par tout le monde me semble-t-il), mais aussi et surtout par me faire des petits arbres généalogiques du côté des Atrides et de Priam, ainsi qu'un rapide aperçu de la généalogie divine. Puis, j'ai dressé un tableau bête et simple avec d'un côté les Grecs (aussi appelés Achéens, Danaens et Argiens), de l'autre les Troyens (ou Dardaniens et Lyciens), avec les principaux personnages (suivi de leurs épithètes courantes du style, Achille ou Péléide ou Eacide (car fils de Pélée et petit-fils d'Eaque)) et le parti pris des dieux, principalement grâce à Wikipédia mais aussi à la version que j'ai (à savoir la collection Bouquins qui offre un important dictionnaire de tous les noms propres de l'Iliade et de l'Odyssée, ce qui s'avère assez pratique si vous vous perdez dans les noms de personnages qui n'apparaissent qu'une fois et dont le camp n'est pas facile à déterminer. Cela étant fait, j'ai commencé ma lecture, avec mon cahier sous la main (et qui s'est révélé des plus utile). Je conseille cette méthode à ceux qui n'auraient pas de familiarités particulières avec les textes de l'Antiquité (si ce n'est de lire quelques pièces de théâtre racontant les débuts de la guerre, antiques ou plus récentes comme par exemple l'Iphigénie de Racine).
Je conseille par ailleurs la lecture des Suppliantes d'Euripide, ou du moins la notice de Marie Delcourt-Curvers dans l'édition folio, qui explique l'importance de la tombe chez les Grecs qui pensaient qu'un mort devait absolument être enterré sous peine d'être condamné à l'errance éternelle. De plus, un certain nombre de règles sont liées à l'inhumation et notamment l'obligation pour le vainqueur de restituer les corps et d'accorder des trêves pendant les combats pour enterrer les soldats tombés durant la bataille. Cette problématique se retrouve d'ailleurs dans bon nombre de tragédies grecques, Antigone pour ne citer qu'une des plus connues, et à de nombreuses reprises dans l'épopée qui nous intéresse.


L'Iliade, ce n'est pas le récit de la guerre de Troie, mais un épisode de 51 jours d'une guerre qui dura dix années, de la colère du divin Achille, qui ne s'en remet pas qu'Agamemnon lui ai volé sa part du butin, la belle Briséis. Cette colère est tout à fait anecdotique pour la lectrice contemporaine que je suis, mais chez les Grecs, on ne plaisante pas avec l'honneur et l'hospitalité, et Achille est dans son droit, Agamemnon non. Finalement, Achille importe peu, son destin est scellé, la guerre est jouée d'avance, Zeus, le Cronide aux desseins tortueux, ayant tranché la question. Le "suspens" n'est donc pas l'attrait principal de ces chants.
Homère va s'ingénier à décrire la guerre de façon violente, toujours en s'intéressant à celui qui est tué et les biographies défilent de ceux qui meurent sous les coups et que l'on ne voit qu'une fois. Cette lecture peut s'avérer très fastidieuse pour celui qui n'entrerait pas immédiatement dans l'esprit de cette épopée. J'y suis personnellement entrée des deux pieds et j'ai même été émue par certaines scènes (ce qui m'arrive très rarement), et notamment la rencontre entre Hector et Andromaque, lorsque ce dernier part au combat, ou encore dans le dernier chant, la conversation entre Priam et Achille, les pleurs d'Andromaque et d'Hélène sur le corps d'Hector. La simplicité de ces scènes, des rapports humains m'a surprise. Tout au long du récit, Homère décrit les passions et les défauts de ces héros et hérauts (pas tous très sympathiques d'ailleurs). Le récit est bien équilibré entre scènes de batailles et conversations divines, si ce n'est peut être la fin du chant II consacrée au catalogue des peuples et armées chez les Troyens et Grecs, de peu d'intérêt et vraiment très descriptif (mais cela ne concerne qu'une centaine de vers à peine, soit quelques pages).


La question de l'édition et de la traduction est à mon avis centrale ici. Si l'on m'a offert la nouvelle traduction de Louis Bardollet, je sais que certaines autres font office de référence absolue. Il faut donc peut-être faire particulièrement attention à ce point, tant le récit peut changer du tout au tout (un petit passage sur wikipédia, où certaines traductions sont disponibles et notamment celle de Leconte de l'Isle, montre la différence importante de l'une à l'autre).


J'ai aimé lire cette Iliade et je m'attaque à l'Odysée dans la foulée.


http://www.dailymotion.com/video/xvqm4n_virgile-l-eneide-albin-michel-les-belles-lettres-rencontre-avec-paul-veyne-et-helene-monsacre_webcam

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le 29 juil. 2015

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cecile0187

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