Si Indiana s'avère être parfois maladroit, on le lui pardonnera aisément, car le style de George Sand s'y avère déjà admirable. C'est un roman profondément ancré dans la période romantique, ce genre de récit cruel où un homme inflige de grands tourments à une femme, comme Adolphe ou Confessions d'un enfant du siècle. Sauf que Raymon n'est pas véritablement amoureux d'Indiana, elle n'est qu'un trophée de plus à ajouter à sa collection. Non pas qu'il ne pense pas l'aimer, mais il est tellement méprisable qu'il prend son désir pour un sentiment élevé.
Voilà l'une des qualités d'Indiana, c'est son approche psychologique. Les personnages sont fouillés et leurs motivations disséquées. Même Raymon, en-dessous de tout, fait parfois montre de qualités réelles qui peuvent suffisamment aveugler la pauvre Indiana.
Concernant les maladresses déjà évoquées, elle consistent par exemple en adresse au lecteur à un moment où cela fait retomber toute la tension d'un passage, soulignant parfois de manière inutile ce que le lecteur a déjà compris.
Si la critique a vu dans Indiana des choses qui n'y sont pas, ou que l'auteure n'y a pas mises, ce qu'elle rappelle malicieusement dans une préface ultérieure, il est néanmoins certain que ce roman, le premier paru sous le pseudonyme de George Sand, est un beau coup d'essai.