Intérieur nuit
7.3
Intérieur nuit

livre de Marisha Pessl (2013)

Il a sans doute fallu beaucoup de travail (et pas mal de collaborateurs ? C'est ce que l' on devine dans ses remerciements) pour que Marisha Pessl peaufine cette arme de guerre littéraire qu'est Intérieur nuit. Le bandeau sur la couverture parle de blockbuster et en effet, tout semble avoir été conçu pour livrer un best seller implacable. On rétorquera que rien n'est jamais sûr en la matière mais nombre d'ingrédients y figurent pour que le succès soit au rendez-vous. Ce qui est certain c'est que la romancière a parfaitement réussi à créer un véritable univers autour de la figure d'un cinéaste culte, sorte de mélange entre Kubrick, Hitchcock, Lynch, Polanski, Coppola et Argento, et de sa fille virtuose et "magicienne", retrouvée suicidée. Le cinéma est l'art du mensonge et il est parfois malaisé de dissocier l'oeuvre de son créateur : Intérieur nuit joue avec un certain brio sur les fantasmes liés au 7ème art et sur cette idée que pour imaginer des histoires insensées voire perverses, il faut être soi-même passablement dérangé. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont Marisha Pessl déroule son intrigue entre le rationnel et le surnaturel avec magie noire et présence du diable à la clė. Pour ce faire, elle utilise des procédés qui ont fait leurs preuves avec un enquêteur journaliste has been pour commencer, qui sera le héros forcément manipulė de l'histoire et le lecteur avec lui puisque c'est sa version et nulle autre qu'il lira. Identification immédiate : le coup est classique mais malin. Ce n'est que le moindre des reproches que l'on pourrait adresser à ce livre dont le style ne parvient pas à atteindre l'ambition affichée par son "scénario". Les dialogues frôlent parfois l'insipide et l'usage immodéré des phrases en italique (au cas où on n'aurait pas compris ? Heureusement, on a échappé aux caractères gras) est très très agaçant. Et puisqu'on en est aux réticences, le caractère linéaire de l'intrigue et cette manière de progresser laborieusement au fil d'indices ou de témoins qui surgissent juste au moment propice ne sont pas d'une colossale finesse. Bon d'accord, c'est un thriller, mais Intérieur nuit vise plus haut que la série B et certains artifices sont trop voyants et appuyés. Ceci, évidemment n'a aucune espèce d'importance si le lecteur est "ferrė" dès les premières pages. Si ce n'est pas le cas, il est assez amusant de tenter de comprendre les rouages de ce roman noir machiavélique mais trop "fabriqué". Avec une virtuosité certaine, bien entendu, ceci ne souffre d'aucune contestation.

Cinephile-doux
6
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le 4 janv. 2017

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Cinéphile doux

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