Un témoignage poignant d'une jeune nord-coréenne.
Une première partie qui raconte la vie en Corée du Nord, la puissance de l'endoctrinement, le système de classe dépendant de la force de sa soumission au régime, mais aussi la pauvreté déchirante et la famine qui commencent à ébranler la foi des nord-coréens en leur régime.
Une seconde partie qui relate la fuite dangereuse vers la Chine, la désillusion violence, le trafic d'êtres humains, le viol allégorique et littéral d'une enfance innocente. Une seconde vie qui n'a rien à envier à la première.
Une troisième partie pour une nouvelle fuite vers la Mongolie puis la Corée du sud, éreintante. Le rejet constant de tous, même ceux disposés à les aider. La découverte brutale d'un monde où l'on existe en tant que soi et pas seulement dans une masse.
Une dernière partie, même si elle n'est pas officielle, où l'écrivaine rapporte sa découverte du reste du monde et son chemin vers l'activisme, vers la parole, jusqu'à cette bibliographie et de nombreuses interviews.
C'est une histoire de vie vraiment très bien écrite, palpitante, qui nous tient en haleine. Il faut s'accrocher, car c'est un enchaînement de violence qui semble ne jamais s'arrêter, on a du mal à apercevoir une possibilité de happy end. Difficile de ne pas verser quelques larmes après tant d'émotions.
Il est intéressant de remarquer que Yeonmi nait dans une société où elle n'est pas identifiée en tant que personne, mais en tant qu'élément d'un groupe qui doit se fondre dans la masse pour le soi-disant bien-être du fonctionnement global. Puis, elle découvre en Corée du sud qu'elle a le droit à ses propres goûts, de développer ses propres idées et désirs... et l'individualisme des sociétés capitalistes. Pour finalement conclure sur son envie de ne pas vivre que pour elle mais pour aider les autres. Doit-on comprendre que ce n'est qu'en étant pleinement conscient de qui on est que l'on peut aider les autres à obtenir une liberté suffisante pour pouvoir en faire de même ?