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L’automne — lourd de brume et de rumeurs — s’étire sur la peau d’Anne. Elle tremble, Ce matin-là, le vieux père Lamandre entend son souffle et ouvre un destin. De cette fillette naîtra Milady de Winter — non plus simple créature mythique mais femme de chair, de regard, de colère. Oui, c’est un roman d’aventures — mais surtout un duel avec l’injustice et le regard.
Dans Je voulais vivre, Adélaïde de Clermont-Tonnerre module le cadre du récit — montage alterné, chapitres brefs, époque du XVIIᵉ secouée — pour faire résonner la voix d’Anne/Milady (un nom qui porte l’histoire d’une autre) et celle des hommes qui l’ont ordonnée « traîtresse ». Le plan s’ouvre : l’enfance en fuite, l’apprentissage d’un corps — à cheval, à l’épée —, le geste d’empoisonner pour survivre, la montée à la cour de Richelieu, l’influence, la vengeance.
Oui, c’est une figuration flamboyante — pourtant la plume n’oublie pas la nuance. Anne est d’abord une enfant digne, poétique, blessée, traquée. Elle est aimante, mère, ambitieuse. Elle est l’icône mythique et la femme invisible. La voix narrative (la-même-et-pas-la-même) creuse la solitude, le corps, le regard des autres — « on ne m’a jamais laissée être libre sauf dans l’ombre ». Elle s’élève entre deux royaumes, mais c’est son nom qu’on chasse, pas son idéal. On pense à la réécriture de type « Jane Eyre revisite Richelieu » — mais sans le mièvre, avec la furie contenue d’une plainte silencieuse. Le montage évoque l’opéra baroque d’un destin féminin où l’harmonie éclate et se fissure.
Certains diront que la romance historique est encore trop ancrée dans le spectaculaire — pourtant l’auteure introduit un frottement cruel entre l’icône (Milady) et la femme. Elle montre que la transgression — arme des opprimés — devient prison. Le lien entre corps et poison, entre regard et sabre, entre ascension et chute est subtil. Le genre change : cape et épée mais aussi manifeste. Ce livre n’est pas un roman de vengeance simple — c’est une méditation sur la survie, le pouvoir et le silence imposé.
Et quand la dernière page tourne, on reste sur l’odeur du cuir, la lumière mourante d’une veilleuse, les battements d’un cheval — et la sensation d’une femme qui, pour exister, a dû se fondre dans le masque. Ma note : 15 / 20
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