"Dans un roman, il est question de politique, du social, de psychologie, de l'affect, du souvenir, etc. Le corps ne fait jamais qu'affleurer. J'ai voulu inverser la proportion, écrire quelque chose où il n'est question que de cette matière purement physique et qui puisse se lire comme un roman" explique Daniel Pennac dans un entretien à L'Express au sujet de son dernier ouvrage, Journal d'un corps. Un récit physiologique et non psychologique, où les mouvements d'humeurs seraient secrétions, fluides et autres écoulements ? Ma foi, pourquoi pas ? Le journal s'ouvre autour des 13 ans du héros et s'achève quelques jours avant sa mort, à 87 ans. Il y a parfois de longues ellipses, que l'auteur explique dans des notes à ses lecteurs et qui permettent d'évoquer les événements principaux de l'existence du narrateur. Pennac tient assez bien son pari organique dans la première partie du livre (jusqu'à ses 50 ans environ) avec ses passages obligés : plaisirs solitaires, dépucelage, joies du sexe, maladies bénignes, accidents banals ... Rien d'extraordinaire à vrai dire dans ce début et milieu de livre, un peu plat, relevé de quelques saillies humoristiques qui empêchent de s'ennuyer tout à fait. Mais à partir du moment où le corps vieillit, l'action rebondit et le récit prend de l'ampleur : avec les maux, les mots se libèrent et enrichissent la trame. La dégradation du corps s'accompagne d'une mélancolie et d'une lucidité presque amusée. Avec des pages d'anthologie sur l'art du pet ou encore les ennuis de prostate qui ne sont pas sans poser de problèmes en société. En définitive, Pennac réussit à faire le portrait d'un homme et de l'évolution progressive des moeurs avec une verve et une trivialité gaillarde qui font aisément passer les quelques redondances de l'ensemble.

Cinephile-doux
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le 26 avr. 2017

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