Un Stephen King apaisé et recentré

En premier lieu et avant de donner mon avis sur "Joyland", je tiens à dire que si vous avez toujours eu peur des clowns et si l'atmosphère des fêtes foraines vous angoisse, vous pouvez lire ce livre. Je ne sais pas ce qu'a fumé la personne qui a rédigé la 4ème de couverture ou si même, pire, elle a bien lu le roman, parce qu'il n'est pas du tout question de clown dans cet ouvrage! Quant à l'atmosphère de cette fête foraine, elle est tout sauf angoissante. Une vraie publicité mensongère que ces quelques lignes! Moi qui au contraire attendez des clowns pour renouer avec l'ambiance "Ca", j'ai bien été déçue sur ce point.

Cela faisait de nombreuses années que je n'avais pas lu d'ouvrage de Stephen King. J'en ai été très fan à mon adolescence puis peu à peu j'ai commencé à me lasser, voyant de grosses ficelles reprises maintes et maintes fois, étant déçue par les fins de roman bâclées... Le cycle "Désolation" / "Les régulateurs" en 96 a signé ma rupture avec l'auteur.

Et aujourd'hui, arrive en librairie un nouveau roman qui attise ma curiosité, me donne envie de renouer avec l'univers de SK. Une fête foraine, des clowns (je croyais en trouver...), une ambiance malsaine... Je me lance avec l'espoir de retrouver l'engouement de mes jeunes années. Bien que n'ayant pas trouvé dans "Joyland" les ingrédients promis dans le résumé, j'ai retrouvé, contre toute attente, l'envie de poursuivre ma lecture au fil des pages, une véritable empathie pour les personnages et la joie d'une sensation depuis longtemps perdue.

Vous l'aurez compris, j'ai aimé "Joyland"! J'ai aimé me perdre dans ses pages, suivre Devin dans son quotidien d'étudiant et sa découverte de Joyland, un parc d'attraction dans lequel il va travailler pendant l'été 1973. Jeune homme attachant et respectueux, presque trop gentil, il va durant cet été vivre en accéléré une expérience enrichissante et grandir en quelques mois comme jamais il ne l'avait fait jusqu'alors. Autour de lui gravite toute une clique de saltimbanques originaux, gais et sympathiques qui vont le prendre sous leurs ailes et lui raconter les secrets du parc d'attraction, et plus particulièrement ceux de la Maison de l'Horreur.

Il fera aussi la connaissance d'Erin et Tom, ses colloc' et collègues le temps d'un été et amis pour la vie, Mike et sa maman, petit garçon handicapé aux pouvoirs surprenants... Les personnages gravitant autour de Dev sont des plus attachants. On ressent une vrai sympathie pour eux tout le long de la lecture, ce qui facilite l'identification aux personnages et l'appât du lecteur pour ce roman qu'il ne peut plus lâcher.

Habituée aux romans d'horreur avec Stephen King, ici on en est bien loin. Ce sont les rapports humains qui sont le point central de "Joyland" et la découverte d'un autre monde, celui des forains. Il y a bien une petite dimension fantastique mais pour moi on est ici dans de la littérature contemporaine.

C'est un Stephen King apaisé et recentré que j'ai retrouvé dans "Joyland" avec beaucoup de plaisir et de tendresse. Il nous prouve ici qu'il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes dans le gore et l'épouvante pour faire vibrer les lecteurs et qu'un peu de finesse est la bienvenue dans ce monde de surenchère. Un roman que je vous conseille, même si d'ordinaire vous détestez Stephen King. Je prends les paris qu'il saura ici vous charmer!
Nelfe-et-MrK
8
Écrit par

Créée

le 18 mai 2014

Critique lue 879 fois

4 j'aime

Nelfe-et-MrK

Écrit par

Critique lue 879 fois

4

D'autres avis sur Joyland

Joyland
Samu-L
8

Le vieil homme et l'amer

Stephen King est souvent très bon lorsqu'il s'éloigne du fantastique. Le corps, la Redemption de Shawshank, un élève doué, Dolorès Claiborne, Misery,...en sont quelques exemples. Joyland fait partie...

le 19 juil. 2014

27 j'aime

8

Joyland
Jambalaya
8

King écrit, mon cœur saigne...

C'est peut-être un lieu commun, mais peut-être que Stephen King vieillit, sûr en tout cas que plus le temps passe, plus il se retourne et nous invite à regarder dans son rétroviseur personnel. Non...

le 16 sept. 2015

23 j'aime

13

Joyland
Kalimera
7

La grande roue de la vie

Stephen king vieillit, mais plutôt bien le bougre ! Joyland s'inscrit dans une nouvelle veine de notre maître de l'épouvante, avec Duma Key, 22/11/63, Joyland fait partie de ces livres qui une fois...

le 13 août 2015

17 j'aime

2

Du même critique

Je suis au paradis
Nelfe-et-MrK
10

Au paradis avec Thomas Fersen

Deux ans après "Trois petits tours", auquel nous n'avions pas vraiment adhéré, Fersen revient et renoue avec le côté sombre empli de poésie qui le caractérise. Il y a du "Monsieur" dans cet album,...

le 9 janv. 2012

12 j'aime

Philippe Katerine
Nelfe-et-MrK
9

Philippe Katerine fout la banane

La sobriété, l'économie de mots, voilà ce qu'a choisi ce doux dingue de la chanson française actuelle pour ce 10ème album. Certains parleront de foutage de gueule d'autres de génie. Je fais partie de...

le 9 janv. 2012

10 j'aime

2

Kick-Ass
Nelfe-et-MrK
1

Cte blague...

Je n'aime pas les super-héros... Je vais voir un film qui se vend comme étant une grosse caricature de super-héros à base de geek sans pouvoir et je me retrouve devant un film AVEC des super-héros...

le 31 mars 2011

9 j'aime

2