Les livres qui promettent une grande révélation sur un meurtre mythique, il en sort un tous les six mois, et Jacques Pradel ne manque pas d'en faire la réclame. Mais celui-là est spécial, puisque l'auteur accuse son propre père d'être l'assassin. Grand docteur méchant homme, obsédé sexuel, violeur et incestueux, le Dr George Hodel semble effectivement correspondre au profil, si l'on ajoute que son fils reprend l'enquête du début et accumule les preuves.
Et c'est là tout le paradoxe : Hodel fils finit par trouver tellement de preuves, soixante après, que cela soit pour le Dahlia ou pour d'autres victimes supposées, que cela finit par faire trop. Passe encore que le Dr supposé génial se présente sous le nom de "Georges" à certains moments, qu'il ne change pas de voiture, mais qu'il avoue le meurtre du Dahlia Noir (et de sa secrétaire en plus, tiens) au téléphone alors qu'il se sait sur écoute, voilà qui fait beaucoup.
De plus, en outre et de surcroit, Hodel Fils invoque un complot mis en place au sein du LAPD visant à faire étouffer l'affaire afin d'éviter que Hodel, médecin de la Haute, ne révèle quelques dossiers compromettants... Je trouve cela toujours étrange les complots mettant en scène moult personnes dont aucun ne parle, même vingt, trente ans après les faits, surtout quand il s'agit du meurtre le plus célèbre de Los Angeles !
Point positif cependant : Steve Hodel met fin aux ragots qui couraient sur Elizabeth Short, sur son côté allumeuse qui, au final, expliquerait son destin et le ferait mériter (l'interview du chef du LAPD est à ce propos édifiante) et refuse de montrer la photo du corps mutilé si cela ne sert pas son propos (Grand lecteur de livres sur l’Éventreur, les photos des cadavres complaisamment montrés pour le choc sont légion).
James Ellroy se montre convaincu et j'avoue que je pencherais sur la thèse Georges Hodel, mais l'auteur aurait gagné à resserrer son propos sur le Dahlia, plutôt que de s'éparpiller. C'est mon intime conviction.