Riche de son expérience d’ambassadeur de France à Alger durant sept années, Xavier Driencourt nous livre ses impressions sur les relations complexes, chaotiques et ambigües qu’entretiennent, depuis des lustres, la France et l’Algérie. Sans langue de bois et toujours avec circonspection, l’ancien diplomate revient sur son parcours professionnel dans un pays miné par les 132 années de colonisation française et tourmenté, encore de nos jours, par un ressentiment anti-français dont il n’arrive pas à s’extraire. Prise au piège de ce lourd passé historique qui « enchaîne » les deux pays, la France oscille toujours entre reconnaissance et repentance, se confondant indéfiniment en excuses, alors que l’Algérie se complaît, en permanence, dans des déclarations proches du sarcasme déroutant et provocateur, mêlant la complaisance à la remontrance. Selon l’auteur, le bras de fer engagé entre les deux Etats s’est à nouveau tendu, dernièrement, et la détestation bilatérale est montée d’un cran, rajoutant de l’agacement et du mépris à des relations bilatérales déjà détestables.
La chanson de Serge Gainsbourg « Je t’aime, moi non plus », pourrait très bien résumer cette liaison tumultueuse entre deux amants irréconciliables. Cet essai, aussi sérieux soit-il, se décline tout en nuances de styles, à la faveur d’une écriture plutôt « diplomatique », épurée et élégante à souhait, mais qui frôle parfois l’humour incisif, voire l’impertinence, tandis que les non-dits se dévoilent pudiquement, entre les lignes. Je n’ai vu aucune prétention personnelle dans cet essai, loin de se mettre en avant, Xavier Driencourt a rassemblé les souvenirs de ses deux séjours en Algérie pour partager avec son lectorat les connaissances acquises sur ce pays qui lui tient particulièrement à cœur. Associant talentueusement ses expériences personnelles à ses activités professionnelles, à deux époques différentes, il rajoute au passage quelques traits d’humour en citant quelques anecdotes destinées à « casser » le ton un peu trop « protocolaire » de son récit.