L'Étranger est un récit qui a du décanter en moi pour me frapper durablement l'esprit.
Il a d'abord créé une sourde angoisse en réaction à l'indifférence totale de Meursault face aux évènements qui le concerne. On reste interdit en essayant de comprendre comment un être aussi atone peut exister. J'ai été mal à l'aise et révoltée devant son ennui poli, et presque désespérée d'excuser son comportement, avec un parti pris clair qu'il n'allait pas tarder à me délivrer.
Et puis on réalise qu'il est peut être un des (anti) héros les plus clairvoyants qu'on puisse croiser, avec un sens accru de l'absurdité de la réalité. Sa mère, l'arabe, lui... Nous sommes tous condamnés à mort, et si l'instant d'après on peut d'un claquement de doigt ne plus exister, alors pourquoi s'en émouvoir. J'ai touché du doigt un minuscule bout de la pensée de Camus, et j'ai conscience que cette petite critique est bien légère pour résumer le fond philosophique de l'Etranger. Néanmoins j'ai déjà pu apprécier la belle plume de Camus, qui sous des airs on ne peut plus minimaliste, délie des images poétiques et sensorielles. J'ai été frappée de façon inattendue par le message final puissant de Meursault.