Portrait d'un homme qui ne semble qu'errer au milieu de ses concitoyens, L'Etranger nous fait suivre le destin de Meursault au travers d'une narration à la première personne. L'homme a perdu sa mère, qu'il avait placé à l'asile faute de moyens, mais continue de vivre sans aucun changements significatifs sa vie de travailleur sans ambition. Le personnage est presque indifférent à ce qui l'entoure, et l'on ne cessera de le lui reprocher dans une deuxième partie consacrée à son procès. Il discute avec ses voisins sans réellement souhaiter être leur ami, il sort avec Marie (une ancienne collègue) sans vraiment désirer l'épouser par la suite, il travaille "bien" mais ne veut pas spécialement être promu et muté à Paris. Le confort tout relatif de sa situation le rend, sinon heureux, du moins content. La première partie nous peint ce personnage hors norme, loin des autres, qui évolue dans une Alger brièvement mais remarquablement introduite par Camus. Le style colle au personnage, avec des phrases sèches, courtes et directes.
Par la suite, la prison et le procès servent de deuxième acte au roman et soulignent encore un peu plus le détachement du personnage quant à son environnement, des conditions de vie qu'il doit supporter aux personnes ayant rapport à lui. On est alors partagés entre l'amusement et l'émotion que procure les remarques décalées du narrateur, avec quelques légères similitudes à Kafka et l'on se régale de la merveilleuse simplicité de l'écriture de Camus. D'aucun la trouverait aride mais elle colle parfaitement au sujet et parvient à nous séduire malgré son propos sans ambages ni fioritures.
L'Etranger est une drôle de rencontre, celle d'un homme dont le caractère ne plaira pas à tout le monde, un homme différent, étranger à son monde, dont la vie défile sans qu'il ne prenne réellement prise sur cette dernière.
Une rencontre brève, simple mais marquante.
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