Camus règle ici ses comptes avec la révolution soviétique : aucune promesse de Lendemains qui chantent ne peut justifier le totalitarisme. En 1950, il était du bon côté de l'intuition historique.
Mais que reste-t-il de cet Homme révolté en tant qu' "essai" ? Disons pour commencer que c'est un curieux livre. Tantôt commentaire littéraire tantôt analyse historique, tantôt dissertation tantôt envolée lyrique, on ne sait pas trop bien, au début, où l'auteur veut en venir. À la fin, les différents thèmes se sont liés de façon convaincante autour de la notion de "révolte", quand même j'aurais du mal à en donner une définition précise. C'est la limite du livre, si l'on veut, mais c'est aussi son intérêt : une certaine façon de réfléchir sans faire de la philosophie scolaire, j'entends, sans agiter des concepts et des références. C'est inégal, parfois un peu plat, parfois assez serré, mais dans l'ensemble, ça donne à penser. Et si la forme a vieilli, l'appel au "Nous" est toujours (douloureusement) d'actualité. La grande conscience du 20e siècle, pas de doute, c'est Camus !