L'ignorance raconte l'histoire d'Irina, veuve, qui, après vingt ans passés à Paris, revient dans sa ville d'origine, Prague, avec l'espoir de reprendre sa vie dans son pays. C'est également le cas de Josef, qui, lui, s'était exilé au Canada. Mais après vingt ans d'absence et un départ pas toujours bien compris, est-il possible de retrouver une place dans son pays d'origine ? D'ailleurs, Irina et Josef sont-ils encore tchèques ? Ou bien français, canadien ?
A l'histoire en elle-même, divertissante, Kundera ajoute des réflexions sur l'histoire du pays, laquelle comporte une triple répétition du nombre 20 :
- de 1918 à 1938 : obtention et perte de l'Etat indépendant
- de 1948 à 1968 : de la révolution communiste à l'invasion du pays par les russes
- de 1969 à 1989 : arrivée et chute du communisme.
Irina et son mari émigrent en France en 1968 pour fuir le communisme, car ils n'ont plus d'espoir. Lorsque Iréna revient à Prague, elle organise un repas avec ses amies, qu'elle n'a pas vues depuis vingt ans, mais elle se rend vite compte que le dialogue, entre elles, est impossible. Elle est comme Ulysse, qui, de retour à Ithaque, se sent comme un étranger. Ulysse traverse d'ailleurs le roman, car la figure du héros est rattachée à une réflexion sur la nostalgie. (Nostos = retour en grec, algos = souffrance. La nostalgie est donc la souffrance du retour impossible.)
L'Ignorance est donc une réflexion sur l'exil, la possibilité d'un retour ou non, mais aussi sur ce qu'on ignore, c'est à dire sur ce qui a été laissé de côté par notre mémoire, ce que nous avons oublié, et dont l'absence rend toute réintégration difficile.
Un roman plaisant donc, dont la lecture, comme toutes les œuvres de Kundera, demande une certaine attention.