L'Île des morts par Hard_Cover
Avec cette édition de L'Île des morts, J'ai Lu a eu l'intelligence de choisir comme couverture le tableau éponyme de l'artiste suisse allemand de la fin du XIXe siècle Arnold Bœcklin. Cette œuvre picturale a une certaine importance dans le roman. En effet, c'est cette peinture qui a inspiré au personnage principal, Francis Sandow, la création de l'île des morts.
Nous sommes, il faut le préciser, au XXXIIe siècle. Sandow est immortel car c'est un Nom, l'incarnation d'un dieu. Il est par la même un créateur de mondes. Il en a de nombreux à son actif, dont Terre Libre où il réside, ou Illyria, sur laquelle se trouve l'île des morts.
Un homme comme Francis Sandow a de nombreux ennemis, dont certains qu'il ne connaît pas, comme celui qui peut ressusciter ceux qu'il a connus et qui veut l'attirer sur l'île des morts. Sandow échappera-t-il au piège qu'on lui tend ?
Avec L'Île des morts, Roger Zelazny imagine un univers très particulier, très personnel, dans lequel il intègre une mythologie évocatrice d'images fabuleuses. Le roman est court (moins de deux cents pages) mais il est riche que d'autres trois fois plus épais.
Francis Sandow est un personnage qui est le résultat d'un véritable travail d'orfèvre de la part de l'auteur. Rares sont les romans qui peuvent s'enorgueillir de mettre en scène un personnage de ce niveau de qualité, de par la profusion des détails livrés à son sujet, le réalisme qui en découle et aussi, son originalité. L'intérêt que lecteur vient inévitablement à porter le lecteur à Francis Sandow provient probablement aussi du fait que ce dernier n'est pas un bon. C'est un héros qui est plus ou moins un salaud, qui n'est pas devenu riche sans écraser d'autres personnes, sans tuer ou sans s'abaisser à des pratiques bien pires...
Les personnages secondaires, qui sont avant tout des faire-valoir pour le héros, présentent tout de même des caractéristiques qui font de chacun d'eux des individus atypiques. On citera Nick le nain, Mike Shandon ou évidemment Vert Vert.
Mais dans L'Île des morts, Zelazny ne fait pas qu'évoquer des personnages fantastiques. Il décrit aussi des lieux dépaysants, fruits de l'imagination de personnages à la puissance phénoménale, capables de faire et de défaire des mondes. Et c'est non sans une touche de poésie que Zelazny nous peint ses décors, ce qui ne gâche rien.
Mais ce n'est pas tout, même si cela est déjà suffisant pour faire de L'Île des morts un superbe roman. L'aventure de Francis Sandow, son enquête, la conclusion de celle-ci... tout plaide en faveur de Roger Zelazny, qui non seulement disposait d'une imagination foisonnante, mais également savait mettre en scène ses idées fabuleuses dans des histoires passionnantes. C'est en tout cas ce qu'il fait avec L'Île des morts (il n'y arrive pas aussi bien dans L'Homme qui n'existait pas).
Court, original, empreint d'une atmosphère inédite, ce roman de Zelazny est un petit bijou. Ce n'est sûrement pas ce que j'ai lu de mieux, mais je ne regrette absolument pas mon achat.
À lire !