La Compagnie noire
7.7
La Compagnie noire

livre de Glen Cook (1984)

"Ne perdez pas votre temps à nous maudire, car nous le sommes déjà..."

Le "Game of Thrones" avant Game of Thrones, ça sonne bien ?
Blague et spéculation à part, aujourd'hui je m'attaque à une saga - du moins, le premier tome - que j'avais déjà lu étant petit et qui m'avait, je m'en souviens, bouleversé. La Compagnie noire, premier livre du cycle Les Annales de la Compagnie noire, écrit par Glen Cook est un roman de Dark Fantasy ( si j'ose encore classifier de manière plus ou moins pertinente les différentes œuvres de ce genre) dans lequel toutes traces de manichéisme à disparu et ça ! Ça, c'est le bon gros point rafraichissant pour une aventure de ce genre !


Ce premier tome nous introduit dans la débâcle de la plus célèbre des compagnies de mercenaires de Khatovar : la Compagnie noire. Et nous suivons les pérégrinations des hommes qui la composent via les yeux mais également la plume de Toubib, annaliste au sein de la Compagnie noire. Il consigne tout ce qu'entreprend cette compagnie : de sa défaite à la cité de Béryl jusqu'à l'acceptation d'un contrat avec la Dame, puissante figure d'un Empire en proie à des attaques rebelles, espérant la venue de la Rose Blanche destinée à renverser la Dame.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.


Ne tournons pas autour du pot trente ans, ce roman est une véritable merveille d'originalité, pour l'époque (1984, que le temps passe vite !) mais encore pour aujourd'hui car rares sont les romans qui osent partir sur la même voie que les livres de Glen Cook ; du moins, dans le genre de Fantasy. En effet, ici nous n'avons pas de héros courageux et braves affrontant un seigneur maléfique désirant faire plonger le monde dans les ténèbres. Non, non, non ! Il est question de soldats avec leur vision propre d'une guerre éternelle, d'un code de l'honneur flanchant et d'une lassitude extrême ponctué par des contrats sans cesse rompus. Et cette vision est ouvertement posée à travers les pages de ce tome, notamment via la plume du personnage principale. C'est réellement ce qui fait la magnificence de ce début d'aventure : on arrive directement avec une cassure des codes de la Fantasy et cela peut aisément perturber. Mais ce n'est pas la seule chose qui peut secouer un peu.


Et c'est bien une des raisons qui m'a dérangé durant ma deuxième relecture, quelques années après ma première, c'est qu'on peut avoir l'impression que le récit est décousu. La raison à ce ressenti pouvant être expliqué par le fait que l'on prend un train lancé à toute allure et que l'on continue de nous présenter des personnages nouveaux sans prendre réellement le temps de nous décrire plus en profondeur les anciens dont la plupart disparaissent assez rapidement ; guerre oblige. Mais la principale raison qui m'a retourné l'esprit, au point de ralentir drastiquement mon rythme de lecture (c'est que je suis un lecteur sensible, moi !), c'est les sept chapitres du roman alimentés par une quarantaine de pages chacun ! Même Le Seigneur des Anneaux ne m'a pas donné de mal de tête aussi douloureux ! Il est vrai que ce genre de lecture, présenté de la sorte, peut faire perdre tout plaisir à de nouveaux lecteurs... Il faut donc s'accrocher ! Et une fois passé cette tempête qui nous balance dans tous les sens, on ne peut qu'être sous le charme d'une œuvre aussi originale ; originale semble être le maître mot pour décrire ce roman.


Ainsi, l'histoire, si elle est difficile à prendre en main durant les premiers chapitres, se révèle dynamique et emplie de visions nouvelles sur des sujets divers, posant parfois problème aux membres de la Compagnie Noire. Mais pour ma part, l'une des grandes forces de ce roman est bien les personnages, qu'ils soient membres de cette compagnie de mercenaires ou bien qu'ils soient au service de cette fameuse Dame. Premièrement, leurs noms ! Mine de rien, ça n'est peut-être rien ou que peu intéressant comme ça mais quand on a des personnages nommés Toubib, Silence, Gobelin, Qu'un-Oeil, Corbeau... personnellement, j’adhère immédiatement. Deuxièmement, ils sont des plus vivants : chacun à une histoire qui nous laisse sur notre faim et qui est dévoilée petit morceau par petit morceau au fil de l'intrigue. J'ai rarement été aussi angoissé sur l'avenir des personnages : ils parviennent sans effort à attirer notre indulgence et notre amour grâce à leurs mimiques, comportements...


Et le véritable élément qui fait de La Compagnie noire une excellente œuvre littéraire, c'est son atmosphère, son ambiance noire, sombre, pessimiste et fataliste malgré une volonté de garder la tête hors de l'eau. On a vraiment l'impression de gambader (si tant est que l'on peut gambader dans ce genre d'univers) dans un monde à la dérive, prêt à éclater et à s'embraser au moindre moment.


La Compagnie noire est vraiment une œuvre qui a su apporter une nouveauté rafraichissante au genre de la Fantasy, offrant des personnages parfois immoraux dans un monde tout aussi immoral. Et si je ne vous cache que les premiers instants de lecture peuvent être laborieux, on est rapidement capté par l'univers mis en place. Glen Cook nous promet une aventure hors du commun et des rebondissements à couper le souffle. Je recommande chaudement cette lecture qui se révèle être le véritable défi pour aborder par la suite tranquillement cette saga.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
7
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le 25 nov. 2019

Critique lue 148 fois

PhenixduXib

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