En 1870, pendant le siège de Paris par les Prussiens, les habitants sont affamés. Deux jeunes hommes ont alors l’idée de tuer les animaux du Jardin des Plantes et de vendre leur viande. C’est le commencement d’une dynastie.


Plus d’un siècle plus tard, l’autrice reçoit un courrier d’une lointaine cousine, Béatrice. Elles se téléphonent et leur dialogue annonce la teneur du livre :

« - Par chance, ma mère est morte, je n’ai plus aucune obligation de voir mon père. Je ne l’ai jamais revu…

— Donc, il vit toujours, le mien aussi.

Là, elle marque un temps, hésitant avant d’enchaîner, très vite comme on se jette à l’eau.

— Et il m’a violé de quatre à quatorze ans. »

Le livre ne décrit pas un cas d’inceste isolé, mais de toute une famille ; il y a les trop nombreuses victimes, ceux qui ont reproduit la perversion, et plus incroyable encore, les personnes venues de l’extérieur, mariées à des membres de la famille et qui n’ont rien trouver à y redire.


Sophie Chauveau est pudique et ne dépeint pas de scènes insoutenables, elle constate, s’interroge. J’ai appris que quand la parole se libérait, c’était trente ou quarante ans ans après, une fois que les faits sont prescrits. L’amnésie de la victime est un outil de survie pour la victime, aussi un outil bien commode pour l’agresseur.


On croit savoir, en réalité, chaque livre lu sur l’inceste, ce fléau, vous en apprend un peu plus. La fabrique des pervers de Sophie Chauveau ne fait pas exception. Une œuvre indispensable.


Créée

le 28 mars 2024

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