Le décor est terrible: Varsovie et son Ghetto pendant l'occupation Nazie, là où la haine des juifs et des slaves a atteint un sommet, là où la solution finale a été appliquée méthodiquement et avec succès. Les chiffres de la déportation et des massacres sont tellement énormes qu'ils sont difficiles à se les représenter. L'approche systématique des SS et de Himmler l'est encore moins.

Au milieu de tout ça donc, il y avait un Zoo, le grand zoo de Varsovie, et Jan et Antonina en étaient les gardiens. Cet ouvrage n'est pas une histoire, ce sont des chroniques dont la matière est largement extraite du journal intime qu'a entretenu Antonina pendant la Guerre. Ce sont les chroniques d'un zoo pillé, détruit, de sa reconversion en cachette pour Juifs et résistants en fuite, mais aussi de la façade, toujours changeante, affichée pour tromper l'Occupant.

Pendant la majeure partie de la guerre, le zoo a été un havre de paix, peu touché par les Allemands qui l'ont utilisé comme lieu de repos et de détente. Antonina et Jan ont également peu été inquiétés, de par leur statut social, leur relations et le fait qu'ils n'étaient pas juifs. Cette fragile sécurité, le couple l'a utilisée pour aider la Résistance et les persécutés, la remettant ainsi constamment en question. En surface, des soldats allemands flânaient entre les tilleuls et les fleurs, au sous-sol, les rescapés du Ghetto, les Hôtes, attendaient des jours meilleurs. C'est la paranoïa et la peur d'être démasqués qui occupe une bonne partie des pensées de la femme du gardien de zoo.

Cet ouvrage a un intérêt certain en sa qualité d'archive historique. Cela étant dit, l'autrice peine à dépasser le cadre de la chronique. Elle relate les événements d'une façon parfois décousue et agrémente l'ensemble avec des faits historiques d'ordre général et d'autres digressions plus sibyllines quant au judaïsme ou l'existence, ce qui dilue son impact.

Enfin, il faut le dire, les péripéties d'Antonina dans cet ouvrage sont anecdotiques en comparaison de ce qu'il se passait dans le Ghetto, à deux encablures du zoo. C'est comme raconter la vie du berger et ses brebis en haut de la montagne quand une guerre totale se déroule dans la vallée.

Néanmoins, cela peut être aussi passionnant mais l'exercice est plus difficile et requiert une vision artistique. Or, comme l'autrice n'a pas une idée très claire de ce qu'elle veut transmettre, elle attaque sous plein d'angles différents, ce qui fait que l'ensemble tombe à plat.

Dans ses notes, Diane Ackerman indique qu'elle a lu pléthore d'ouvrages sur la zoologie et ses acteurs principaux pendant cette période, dont le journal intime d'Antonina, mais aussi qu'elle a visité des lieux en Pologne liés à son histoire et recueilli des témoignages. Ainsi, elle fait ici une synthèse de ce qu'elle a retenu, un compte-rendu (mais sans une bibliographie, ni la précision de l'historienne!). Débuter l'ouvrage avec cela en tête est peut-être le meilleur moyen de l'apprécier, mais c'est trop tard pour moi !

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le 17 oct. 2025

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