Désormais, chaque automne, je me procure le dernier Fidelma qui sort en poche à cette période. Toujours le même plaisir à les lire, on n'est jamais déçu. Avec cet opus, Tremayne s'inscrit dans un registre qui est un classique du polar, le mystère du meurtre en chambre close. Si on devine assez vite l'identité du coupable (il n'y a pas trente six mille possibilités, les protagonistes étant pour la plupart des proches de Fidelma apparus dans des épisodes précédents), ses motivations demeurent par contre mystérieuses jusqu'au dénouement.
Pour autant, Tremayne creuse encore ses personnages et l'on découvre de nouveaux traits de caractère et sentiments chez ceux-ci : la grosse culpabilité chez Fidelma, la nostalgie chez Eadulf, le stress chez Colgu et l'amour fou chez le chef des gardes Enda. Sinon, fidèle à ses habitudes, l'auteur revient sur l'histoire de la civilisation irlandaise au 7ième siècle après J.C. Les fidèles de la série seront bien entendu habitués à la pression de plus en plus marquée de l'église romaine afin d'imposer ses vues du christianisme. Mais dans cet épisode en particulier, l'accent est mis sur la place des femmes dans la société, que la vision patriarcale de l'église romaine (la même qui est encore en vigueur aujourd'hui) cherche à restreindre.
Ce qui, si on en croit l'auteur finira par advenir en Irlande 25 ans après que cette histoire se déroule (Fidelma aurait alors 60 ans). Un épisode de régression dans la triste histoire de ce pays, qui n'a pas encore recouvré complétement son indépendance. Et qui selon Tremayne - qui est sans doute un peu de parti pris - avait expérimenté une forme d'état de droit bien des siècles avant le reste de l'Europe.