Deux courants traversent l'oeuvre du barcelonais Eduardo Mendoza : l'une, sérieuse et historique (La ville des prodiges), l'autre, comique, burlesque et picaresque (L'artiste des dames). La grande embrouille fait partie de cette seconde veine, avec ce style racé et pince sans rire qui est la marque de l'écrivain catalan, pour un résultat tout à fait désopilant (superbe traduction de François Maspero). Inutile d'essayer de résumer l'intrigue de ce polar parodique. Mendoza donne parfois l'impression de cavaler comme une poule sans tête mais tout est millimétré pour qu'au dénouement tout soit d'une clarté totale. Enfin presque. Le roman est brillant : des dialogues ciselés, des personnages pittoresques surgis des bas fonds de Barcelone, des rebondissements à tire-larigot et un humour fin et élégant. Mendoza ancre son histoire dans une Espagne en pleine crise économique : La grande embrouille est souvent La grande débrouille pour des individus sans le sou mais pas sans idées, armés de leur seul esprit d'initiative pour déjouer un plan terroriste. On notera au passage l'apparition d'Angela Merkel, pas du tout perturbée par le climat de douce loufoquerie qui baigne le roman. Enfant incestueux de Rabelais et de Cervantes, à l'écart des modes et de la morosité ambiante, Eduardo Mendoza écrit pour son plaisir. Partagé par les lecteurs fidèles qui le suivent depuis trente ans maintenant.

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le 16 févr. 2017

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