Ce qui m'a le plus frappé dans ce livre, c'est le style de Ramuz. Un style que je dirais un peu rustre, brut... austère. Taillé grossièrement à la serpe. A l'image des froides montagnes vaudoises. Cette écriture m'évoque le roc granitique, les arêtes déchiquetées, les frais alpages d'altitude, les congères, les glaciers, le feu dans une grande cheminée... Mais j'ai trouvé au final son écriture assez difficile à lire. Avec des phrases à la syntaxe très particulière. Des phrases que, parfois, je devais relire une ou deux fois pour les comprendre. Mais je n'ai jamais lu d'autre livre de l'auteur et je ne sais pas si ce style qui m'a tant dérangé est effectivement le sien, ou s'il s'adapte à l'environnement.

Il y a dans cette vallée isolée une sorte de superstition. Et je ne serais pas très étonné que certaines perdurent encore de nos jours dans certains coins reculés : on doit pouvoir encore trouver quelques "anciens" qui se souviennent de tel ou tel truc... Toujours est-il que dans le livre de Ramuz, la superstition a une base réelle : la maladie qui n'est pas une invention. On peut supposer que le pâturage est sur une tourbière peu saine et que l'eau est de mauvaise qualité. Puis la contagion œuvre. Naturellement, bien sur. Et accentuée par la forte chaleur décrite dans le récit. Volontairement, Ramuz ne nomme pas cette maladie. Comme les personnages de son livre, le lecteur est tenu dans l'ignorance. Il ne peut qu'y réfléchir et conjecturer en tout sens. Et c'est le début de l'angoisse. Les croyances populaires font le reste. Panique et folie s'emparent des habitants : c'est le drame.

Le roman est extrême, mais reste tout à fait plausible à mon sens.
BibliOrnitho
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le 27 juin 2012

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