La menace représentée par la protomolécule, envoyée par de mystérieux extraterrestres potentiellement très dangereux pour l’humanité, est désormais connus de tous depuis que les terribles images des milliers de gens de la station Eros ont filtré. Pourtant, la méfiance reste de mise entre les deux puissances du système solaire. Mais au lieu de s’allier pour faire cause commune, chacune se défie de l’autre. Quand un monstre apparaît sur Ganymède, grenier des mondes extérieurs âprement défendus par les deux planètes, la guerre apparaît de nouveau à l’horizon.


Dans ce climat tendu et face à une menace sans précédent, la diplomate terrienne Chrisjen Avasarava, politicienne revêche qui n’a pas sa langue dans sa poche, tente d’utiliser toutes ses compétences pour percer à jour les intérêts cachés, tant de son monde que de Mars, pour instaurer une paix devenue capitale. Elle ne peut que constater, impuissante, l’escalade du conflit, tandis qu’à l’abri des regards elle tremble devant cette menace au-delà des capacités de compréhension humaine.
Elle recrute la marine martienne Bobbie Drapper, seule rescapé de l’attaque du monstre sur Ganymède. Outrée par les mensonges et les manipulations de ses dirigeants, elle ne souhaite que faire la lumière sur cette histoire et punir les responsables de la mort de ses coéquipiers. Plus à l’aise sur le terrain que dans le jeu politique, elle découvre le vrai visage de la Terre, la planète rivale, au-delà des préjugés de son monde, et doit lutter contre son sentiment de trahison envers sa planète.
Sur Ganymède, dévasté lors des premiers tirs, le chaos règne dans les couloirs où errent des habitants agars, les systèmes de survie se détériorant progressivement. L’endroit le plus sûr au-delà de la Ceinture est devenu une ruine à cause de la stupidité humaine. C’est dans ce climat éprouvant que le botaniste Praxidike Meng (Prax) cherche désespérément sa fille, enlevée pour des raisons bien mystérieuses. Ce scientifique, loin d’être un combattant, ne peut compter que sur son amour et sa quête éperdue.
C’est un homme diminué que rencontre le capitaine James Holden, en mission pour le compte de Fred Jonhson. Le capitaine a bien changé depuis Protogène. Plus endurci et plus violent, il dégaine de plus en plus avant de poser des questions, au grand désespoir de Naomi, se rapprochant dangereusement de son ancien partenaire Miller, qu’il avait pourtant vigoureusement rejeté pour son absence de compassion.


Ce deuxième tome continue dans la veine du premier, en conservant les mêmes caractéristiques : le rythme et l’action sont favorisés, sans négliger le développement des personnages qui parviennent à émouvoir le lecteur, comme cette discussion à cœur ouvert entre Holden et Amos, pourtant hommes fiers peu portés sur les confidences. Le récit ne se perd pas en larges descriptions, les technologies futuristes n’abondent pas, mais on se représente sans peine les mondes décrits, comme la surface désespérément morne de Ganymède, que jamais aucun vent ne viendra modifier, ou la particularité des combats spatiaux, où les distances rendent malaisées de savoir ce qui se passe vraiment et quels sont les ennemis. Le contexte politique n’atteint pas le niveau des œuvres fondatrices (Dune ou Fondation), mais il y a matière à réflexion sur le côté belliqueux de l’humanité et la difficile instauration de la paix. A noter que cet aspect est d’avantage traité dans la série, qui complexifie encore la situation en ajoutant des divisions internes chez les Ceinturiens tout autant que les Terriens.
« La guerre de Caliban » ajoute en outre de nouveaux personnages, et développe d’avantage les sociétés terriennes et martiennes.


S’il est difficile de dire si « the expanse » peut être considéré un cycle de référence de la SF, il s’en défend honorablement.
Attendons de voir ce que les étoiles nous réservent.

Enlak
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le 25 sept. 2017

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