À plusieurs reprises j’ai entendu cette référence à la lettre écarlate, notamment dans le film Easy A. J’en ai gardé une vague idée d’un bouquin sur une femme sulfureuse du 17ème siècle qu’on aurait marquée de la lettre A brodée sur ses vêtements pour la couvrir d’opprobre, la dénoncer, en faire un exemple, la stigmatiser elle et son péché.
Du coup ça m’a toujours intriguée et intéressée, la suspicion d’adultère étant toujours fructueuse en drama.
Au final j’ai trouvé l’histoire peu fournie. On arrive lorsqu’Hester Prynne reçoit sa condamnation à vivre en marge avec la lettre écarlate, on comprend que son infamie a été révélée par sa grossesse mais que l’homme avec qui elle a fauté n’est pas identifié, on découvre son mari qui revient incognito après des années d’aventures et ne souhaite pas que la communauté sache sa qualité de cocu tout en prévoyant de traquer l’amant ; on comprend également que le révérend est l’amant tourmenté.
Plein d’éléments prometteurs ! Pourtant les phrases explicatives à rallonge alourdissent des scènes anodines. Les ellipses de plusieurs années laissent perplexes sur l’évolution des personnages et leurs dynamiques. Et ces deux éléments réunis donnent l’impression de ne jamais avoir d’espace pour connaître les personnages, entrer dans leurs cœurs, comprendre leurs histoires, s’attacher à leurs destins. Cette superficialité s’est même retrouvée en termes d’environnement. Ok on mentionne la communauté puritaine, les soupçons de sorcellerie qui pèsent sur certaines femmes, les « sauvages » qu’ils soient des indiens ou des marins antillais mais jamais ça ne prend en substance pour dépeindre une époque.
Une fois passée la phase d’introduction avec ses éléments stimulants je n’ai rien retiré de + de ma lecture. J’ai même une vague impression de n’avoir rien lu et d’être restée bloquée aux prémices. Spoiler : un jour l’homme d’Eglise va avouer son infamie avant de mourir, le mari va perdre toute raison de vivre en n’ayant plus l’objet de sa haine sur lequel se venger ; la fillette va grandir on-ne-sait-où ; la mère va revenir couler ses derniers jours dans cette communauté en continuant de porter son fardeau. Ok… Il s’est passé quoi entre le début et la fin ? Pas grand-chose, beaucoup de narration qui patine.
Alors peut-être le but de cette histoire est + celle d’un conte qui exacerbe parfois des personnages qui en deviennent presque mystiques pour tirer des morales ou dénoncer des comportements (la femme adultère est presque vue comme un ange, le prêtre souffreteux comme un pénitent sur le chemin de la rédemption, la fillette comme un « enfant-lutin » tourmenteur et espiègle, le mari comme l’envoyé du Diable). Pour ma part ces considérations m’ont semblées faciles et peu nourrissantes.
Je vois ce qui se dit sur ce qu’il y a à en tirer même sur la société de l’époque mais je trouve qu’on extrapole beaucoup. Qu’on cherche à y donner du sens + qu’on n’en trouve réellement. Après ça a toujours été un problème que j’ai eu avec les explications de texte de cours de français. Je ne dois pas avoir cette sensibilité.
Bref, un peu déçue. Je ne trouve pas que ce soit un classique passionnant. Je pourrais presque dire que j’ai préféré la longue introduction d’environ une soixantaine de page sur l’auteur qui explique d’où lui est sorti son histoire, son passage en bureau de douanes au 19ème et les personnes qu’il y côtoyait. C’était + vivant.