J'ai relu Chair de Poule pour vous épisode 6 : La Malédiction de la momie

Quand j'étais plus jeune j'ai eu une grosse phase Chair de Poule. J'ai toujours eu de fortes passions cycliques pendant lesquelles je me voue corps et âme à mon hobby du moment, généralement pour le plus grand plaisir de mon entourage que j'abreuve d'un babille incessant au sujet de mon nouveau violon d'Ingres.
Pas étonnant dans ces conditions que je me sois vu offrir (par ma mémé sans aucun doute) un de ces petits volumes tant convoités pour un de mes anniversaires (ou peut être étais-ce un Noël, allez savoir...). Le volume en question, c'était La Malédiction de la momie.
Je ne sais plus trop à présent mais je me demande si ça n'avait pas été une sorte de Noël (ou peut être étais-ce un anniversaire...) à thème car je me souviens avoir reçu à la même occasion eu autre roman sur le thème de l’Égypte antique. Ce dernier, sans doute à cause de sa couverture beaucoup plus rébarbative (mais comment lutter sur ce terrain avec une momie décharnée s'extrayant de son tombeau ?!), de son épaisseur presque double ou (plus certainement) de sa non appartenance à l'éminente série qui nous intéresse actuellement n'a malheureusement jamais eu les honneurs de ma lecture. Il n'en a bien entendu pas été de même avec La Malédiction de la momie...


Je dois avouer que si j'ai voulu relire ce livre plutôt qu'un autre c'est avant tout pour le souvenir de déception qu'il m'avait laissé à l'époque. Je me rappelais vaguement ne pas m'être senti rassasié en matière de momie ou de malédiction, le personnage principal passant la plupart de l'aventure à errer dans les couloirs de la pyramide, en se faisant occasionnellement peur tout seul dans le noir pour les besoins des habituels cliffhangers de fin de chapitre.
Mais du coup, qu'en est il après relecture vous demandez-vous certainement. Et bien je vais vous raconter tout ça, mais avant tout, le résumé :


LA MALÉDICTION DE LA MOMIE
STOP ! PYRAMIDE HANTÉE !
Gabriel s'est perdu dans une pyramide. Sa cousine Sari, qui était dans la galerie devant lui, a mystérieusement disparu. Mais Gabriel a l'impression de ne pas être seul. Qui est là avec lui dans les ténèbres ? Peut-on troubler le repos millénaire de la prêtresse Khala sans courir de danger ?


Hors donc, l'histoire. Gabriel est un jeune français originaire de Marseille en voyage en Egypte avec ses parents. Il doit retrouver sur place son oncle Ben (haha), éminent égyptologue venant tout juste de découvrir une galerie encore inexplorée sous la grande pyramide.
Aussi incroyable que cela puisse paraître l'auteur fait pour une fois l'impasse sur la description du héros et même si pas mal de ses archétypes habituels sont de la partie (la cousine casse-couille qui finira par devenir super complice avec le héros après les épreuves communes, les parents absents – qui après avoir passé tout un premier chapitre à refuser de l'eau à leur fils assoiffé en plein désert le laissent seul à l’hôtel pour aller vendre des frigos dans une ville voisine ! - ou encore l'oncle scientifique) la caractérisation de tout ce petit monde est assez bien foutue.
Alors bien sur l'histoire est une fois de plus racontée à la première personne (ruinant par là même comme je l'avais évoqué précédemment (1) toute tentative de suspens quant au devenir du héros à la fin du livre) et un objet clé de l"intrigue" est amené d'une manière si peu subtile dans les premiers chapitres (à tel point qu'on en vient à se demander s'il n'a pas été rajouté a posteriori) qu'on aurait pu en voir venir l'utilisation finale à des lieues si son absence presque totale des chapitres à venir ne nous l'avait pas complètement ôté de l'esprit, mais le début de l'aventure si lit sans trop de déplaisir. L'auteur nous gratifie de quelques descriptions aussi brèves que bienvenues, nous plongeant pour une fois assez efficacement dans son décors Égyptien. Les interactions entre les (rares) protagonistes sont assez réalistes et le personnage de l'oncle est même plutôt bien écrit (pour une production de ce genre, entendons nous!) et montre même une jolie évolution dans son caractère.


En ce qui concerne l'intrigue le titre est comme souvent trompeur et ce n'est peut être pas plus mal. A la relecture je comprends très bien ce qui ne m'avait pas plu à l'époque en ce sens que le récit reste finalement très terre à terre (mis à part, mais nous y reviendrons, un dernier acte un peu expédié) là où tout bon fan de la série s'attend à son lot de monstres et de jump scares faciles.
En effet loin de verser (du moins d'entrée de jeu) dans le surnaturel bon marché Stine nous propose ici une assez longue (surtout compte tenu de la longueur totale du récit) immersion dans un pays étranger où le héros, laissé seul par des parents trop occupés et un oncle préoccupé par des accidents survenus sur le lieu de fouille, va se retrouver confronté à un monde inconnu mais pour une fois plausible où les créatures les plus menaçantes ne sont pas forcément celles que l'on attendait.
On pourra bien entendu reprocher (comme bien souvent) pas mal d’inexactitudes et d'approximations à l'auteur, ainsi que quelques facilités scénaristiques (ainsi les personnages principaux visitent à deux reprises les couloirs inexplorés d'une pyramide millénaire sans autre équipement qu'une lampe torche et s'y perdent à plusieurs reprises alors même que le lieu est le siège de fouilles scientifiques au même moment, avec tout ce que cela peut laisser supposer de restrictions d'accès et d'allers et venues d'ouvriers...) mais j'ai envie, une fois n'est pas coutume, de laisser le bénéfice du doute à ce cher Robert.


Là ou bien d'autres verront un manque de rigueur et un je-m’en-foutisme que je suis la plupart du temps dans les premiers à dénoncer j'ai envie de voir dans cette Malédiction de la momie un hommage aux séries B d'aventure des années 50 (voire même, plus proche de nous, à celles d'Indiana Jones dont l'arrivée fracassante des héros dans une salle remplie de momies dans le dernier acte m'a indéniablement rappelé les méthodes archéologiques discutables) dans lesquels la véracité historique et l'exactitude était bien souvent sacrifiés au profit du grand spectacle et de l'Aventure.
Et côté aventure ici il serait malheureux de bouder notre plaisir tant l'histoire regorge de rebondissements en tout genre (enlèvement, exploration à la lumière vacillante d'une torche, fuite effrénée dans les rues d'une citée inconnue, etc.).
C'est donc avec une pointe de regret que l'on (moi en tout cas) voit finalement apparaître l'élément fantastique (au départ pourtant tant attendu) avec la découverte d'une salle remplie de momies après un passage un peu faiblard à base de frôlement insectoïdes dans les ténèbres (Indy, encore une fois).
Même si cette accumulation bien trop importante de restes humains finira par trouver une explication logique (et même, à mon sens intéressante, n'ayons pas peur des mots !) la magie n'opère plus de la même manière, d'autant que c'est bel et bien de magie qu'il est question lors de la résolution de cette aventure jusqu'alors plausible (du moins dans cet univers de serial dépeint par Bobby). Dommage dommage...


Je conclurai ici en vous disant que malgré mes a priori initiaux et mes (mauvais) souvenirs de lecture cet opus (pour la petite histoire le premier de la série en France) reste étonnamment plaisant à lire malgré un troisième quart un peu en dessous et une conclusion paradoxalement trop fantastique pour son bien. Le cadre africain de l'histoire est un changement bienvenu dans une série habituellement plus tournée vers les banlieues américaines (ou françaises si comme moi vous lisez les versions « traduites ») et c'est avec plaisir que je relirais d'autres Chair de Poule dans cette veine.


Pour finir et pour vous remercier d'avoir lu ma (une fois de plus) trop longue bafouille, voici ce à quoi vous aurez droit si vous décidez de lire La Malédiction de la momie :
- une fausse momie,
- un personnage qui passe son temps à refaire ses lacets avec les grosses ficelles de l'histoire pour se perdre dans des couloirs,
- un personnage qui se cache dans un sarcophage en pierre vide pour faire une bonne blague et REMET LE COUVERCLE,
- des détails morbides mais vrais sur les momies,
- un enfant avec une VRAIE MAIN DE MOMIE achetée au souk comme porte-bonheur,
- des lieux culturels dans lesquels on peut entrer comme dans une supérette,
- de la destruction de patrimoine historique mais enfin et surtout :
- non pas une mais bien DEUX occurrences de cette phrase/gimmick si chère à mon cœur :
"J'ouvris la bouche pour hurler, mais rien n'en sortit." et plus loin "J'ouvris la bouche pour hurler, aucun son ne sortit."
C'est y pas beau tout ça ?


(1) https://www.senscritique.com/livre/Mefiez_vous_des_abeilles/critique/22134336

Thieuthefirst
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le 24 oct. 2018

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