le prodige Tchèque

Quand on pense à Kafka on pense à quelque chose de bizarre, de tortueux, de névrosé voire fou tant ses thèmes et son style sont uniques. S'il y a bien un auteur capable de vous angoisser par ses pensées obsédantes, c'est bien le prodige tchèque.

Pour preuve, la métamorphose, ce court récit raconte la transformation du jour au lendemain d'un homme en cafard, un thème plutôt inattendu.

Mais quand on le relit plusieurs fois et qu'on tente d'aller au delà du premier degré, une beauté apparaît, celle de la parabole.

La preuve que le talent se rit du scénario, l'art est dans la plume plutôt que dans l'histoire.

C'est pourquoi on est transportés dans cette fantasmagorie, on a de la compassion pour ce héros qui découvre l'impuissance d'être dans un corps de cancrelat et qui au fur et à mesure devient une gêne patente pour ses proches. Son isolement, son rejet, le font souffrir, lui qui a besoin d'affection dans cette épreuve.

Le génie allégorique de Kafka peut être ici interprété d'une multitude de façons, est-ce une critique de la dépendance, probablement un témoignage d'une société qui exclut, qui isole les marginaux ou les différents qu'ils soient génies ou pas.

Probablement aussi un transfert de l'auteur, qui avait une relation difficile avec son père, dans cet insecte incompris.

En tout cas, un chef d'œuvre dans la catégorie des courts récits sans aucun doute.