Littérature
Je suis sociologiquement prédisposé à aimer Desproges : mes parents écoutent France Inter. Par ailleurs, j'aime lire, j'ai remarqué au bout d'une douzaine d'années que quelque chose ne tournait pas...
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le 6 août 2013
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Soyons clair, je n’aurais jamais lu ce bouquin si je ne m’intéressais pas à la littérature fin-de-siècle et n’avais pas trouvé d’intérêt à la sympathique compilation Trains de cauchemar, publiée par les mêmes éditions (Les Aventuriers de l’Art Perdu et La Clef d’Argent) et dans laquelle figurent quelques textes de Maurice Level. Du reste, l’oubli dans lequel est tombé ce dernier n’est pas entièrement une injustice : disons que l’auteur, aux neuf dixièmes oublié, n’est qu’à moitié mauvais – ou à moitié bon, naturellement –, surtout quand on compare ses textes à ceux d’un Schwob, d’un Villiers, d’un Bloy ou même d’un Maupassant.
Les nouvelles ne sont pas toujours brillamment construites. Leur originalité ne saute pas aux yeux pour peu qu’on les replace dans leur contexte culturel – le titre « La Peur », par exemple, est déjà pris (et deux fois !) par Maupassant… Le travail sur la langue est réduit à la portion congrue. Quant au kitsch et au grand-guignol, ils ne sont pas toujours absents. Cela dit, malgré – ou à cause ? – de tout cela, certains passages ont leur charme, comme la description de la tête d’un ami du narrateur : « Presque verte à force d’être livide, elle n’avait plu rien d’humain. Un rictus extraordinaire avait tordu sa bouche, crispé ses lèvres où les dents s’étaient enfoncées – je dis bien : enfoncées !… Ses yeux chavirés n’avaient plus de sclérotique, ou plutôt cette sclérotique, complètement rouge, semblait suer du sang… Du sang ! il n’y avait plus que cela sur le bas de son visage… Du sang ! il lui en était sorti par les oreilles, par le nez, par la bouche, et, collé maintenant dans les poils de sa moustache en caillots longs et tremblotants, il lui faisait une terrible face, un masque effroyable… » (p. 69).
Le recueil, tout brillamment documenté qu’il soit, est peut-être un peu trop bref pour qu’on puisse juger la dizaine de textes qui le composent, et qui donnent parfois une impression de disparité – mais c’est, aussi, que l’auteur n’y est pour rien dans la composition du volume. Quand je terminerai systématiquement chacune de mes critiques suffisamment vite après avoir lu le livre qu’elle concerne, et prendrai des notes avec plus de rigueur, j’écrirai davantage de lignes sur des livres comme la Peur.
Créée
le 28 oct. 2018
Critique lue 48 fois
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