Je me réjouissais assez fortement de pouvoir lire un roman aussi vieux et qui m'apparassait comme une petite gemme joliment sertie ou une friandise à la pâte feuilletée...
Je m'étais bien trompé, du moins sur la partie gastronomique parce que je fus vite saisi d'une indigestion manifeste à la lecture des premières pages.
En effet, je me suis retrouvé immédiatement noyé dans le flot continu de noms et de titres pompeux que madame de Lafayette crut bon de déverser dès l'entame. Sérieusement, j'ai navigué dans ce charabia comme une âme en peine et le pire c'est que cela s'est à peine arrangé plus tard ; ce roman décroche haut la main la palme du livre le moins aisé à suivre et peut être encore davantage à se représenter car l'écrivaine a joint la malice à la lourdeur puisqu'elle n'a point daigné offrir la description la plu succincte du moindre protagoniste !
Le livre se sauve en partie par le charme suranné des pavillons entourés de jardins odorants et par une élégance indéniable dans l'expression des sentiments. Par moment, le style fait preuve d'une certaine maîtrise courtoise qui m'a plu et ne fut pas sans me rappeler la geste arthurienne : les similarités entre ce genre de cours sont plus nombreuses que ce qu'on pourrait croire, dans les deux cas on se trouve ne présence d'une haute noblesse ( d'ascendance celte ) qui se veut chevaleresque et qui gravite autour d'un souverain puissant et "rayonnant", tout en n'oubliant pas de cultiver une forme de sentimentalisme aux codes nombreux et raffinés.
Quant à l'intrigue en tant que telle, elle est fort simple et se voit menée assez péniblement pour déboucher sur une fin prévisible et assez plate. Pouvoir écrire un livre sur une histoire amoureuse comme celle ci nécessite de conserver un équilibre délicat et madame de Lafayette a définitivement ajouté quelques cueillerées de mièvrerie en trop dans sa recette.
C'est certainement la seule fois ou je serai d'accord avec Sarkozy mais il avait raison sur "la princesse de Clèves" : faire lire ce livre à l'école est un acte d'hostilité manifeste à l'égard de l'éveil littéraire de la jeunesse.